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Antonio Lopez, dit "Antonio"
Antonio Lopez (1943-1986), dit "Antonio", renouvelle l’illustration de mode dès la seconde moitié des années 1960. Le genre avait déserté les pages des grands magazines au tournant des années 1950/60, au profit de la photographie de mode. Aux antipodes des dessins à l’élégance hautaine et compassé des années du New Look, Antonio propose un style en parfaite harmonie avec les révolutions survenues dans le monde de la mode du début des années 1960 aux années 1980. Son style traduit parfaitement l’art de son temps. S’il cite volontiers les aplats des estampes japonaises ou le trait d’un Aubrey Beardsley, sa production s’intègre, avant tout, dans l’esthétique du Pop Art, en ce début des années 1970. Il expérimentera, par la suite d’autres formes d’expression.
La vie d’Antonio est indissociable de son œuvre. Ami de Warhol, de Lagerfeld, de Saint Laurent ou d’Anna Piaggi il est de toutes les fêtes données entre New York, Paris et Saint-Tropez. Travaillant souvent d’après modèle, il est le découvreur de mannequins ou d’icônes de mode telles Jerry Hall, Pat Cleveland, Jessica Lange, Grace Jones, Paloma Picasso qu’il dessine entre deux nuits blanches. Paraphrasant Yves Saint Laurent qui, en 1968, disait qu’il préférait la notion de séduction à celle d’élégance désormais démodée, Antonio traduit un rapport à la mode particulièrement sensuel. Il utlise ses photographies et polaroïds comme documents de travail pour ses dessins qui établissent une distance lui permettant de multiplier les allusions à une sexualité libérée.
En 1970, il réalise trois dessins - dont celui-ci qui sera publié dans Vogue Paris - qui témoignent de tous ces aspects : sophistication et sensualité des modèles, influence de la contre-culture, présence de bikers, traités de manière homo-érotique, utilisation de la photographie avec l’arrière-plan de Saint-Tropez imprimé sur un film de couleur, palette de couleurs psychédélique, association et juxtaposition de motifs largement inspirées du Pop Art... Les tenues représentées ici – au gauche : jupe et T shirt Cacharel, à droite : robe en éponge de Tan Giudicelli pour Micmac - indiquent l’évolution de la mode du début de la décennie où le ton est donné par les stylistes et non plus par la seule haute couture. Saint-Tropez, utilisé comme toile de fond est, à l’époque, le rendez-vous obligé où la jet set, le monde de la mode et de la création mais aussi la bohème se mêlent et expérimentent toutes les libertés apportées par les changements sociétaux.
Auteur de la notice : Laurent Cotta