Haut et jupe Comme des Garçons

Fondé en 1976 à Tokyo par Rei Kawakubo, Comme des Garçons présente son premier défilé parisien en 1981. L’année suivante, la collection choque une grande partie de la presse occidentale. Dans Le Figaro du 21 octobre 1982, Janie Samet décrit ainsi « des trous, des loques, des guenilles comme pour les survivants d’une catastrophe nucléaire ». Comme des Garçons impose une conception du vêtement diamétralement opposée à celle des créateurs occidentaux. Les silhouettes se composent de vêtements loin du corps, asymétriques.
 

Les tissages, qui mêlent l’artisanat aux techniques les plus novatrices, se déclinent en teintes sourdes : du gris, du bleu foncé et surtout « différentes nuances de noir », peut-on lire dans Le Jardin des modes de décembre 1982. Tout, jusqu’au rapport à l’aspect « neuf » du vêtement, est remis en cause par Rei Kawakubo, qui n’hésite pas à laver les pièces de tissus avant leur montage afin de retirer leur apprêt. Les trous et les pans flottants, expressions des usures en Occident, sont, au contraire, considérés par la griffe comme des décors, et même traités comme des broderies.
 

La créatrice japonaise impose également à ses mannequins une nouvelle manière de se mouvoir, plus martiale, en rupture avec les défilés spectacles des années 1980. Le visage impassible, ils avancent, les bras le long du corps et le pas rapide. Cette conception inédite de la mode, qui incite à renouveler son regard sur la notion du beau, révolutionne toute la discipline et influence la génération suivante, en particulier les Belges Ann Demeulemeester, Walter Van Beirendonck et Martin Margiela, tous trois spectateurs des premiers défilés de Comme des Garçons.

  • Auteur(s): Comme des Garçons
  • Dates: Printemps-été 1983
  • Mode d'acquisition : Don anonyme, 2012.18.5 (1-2)
  • Matériaux et techniques : Jersey de coton, applications de bandelettes et patch en toile de coton