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Robe volante en lampas jaune citron tramé fils de soie verte et d'argent, vers 1730. Collection Palais Galliera, acquisition 2016. Photo : © DE BAECQUE & Associés - Maison de ventes aux enchères
C’est une pièce exceptionnelle appartenant à la famille des robes dites "volantes" qui vient de faire son entrée dans les collections du Palais Galliera ! Elle est en lampas jaune citron tramé de fils d’argent et de soie verte. Son décor "exoticisant" - pagodes et fruits exotiques - est à la mode au début du XVIIIe siècle, mais la préciosité de son étoffe, soulignée par l'éclat des fils d'argent, en fait une pièce unique au monde, au même titre que le bon état de sa conservation et sa provenance aristocratique attestée.
L'acquisition de cette robe s’est faite à l’occasion d’une vente aux enchères à Lyon le 4 février 2016. Adjugée à 140.000 euros sous le marteau de Maître Etienne de Baecque et l’expertise de Raphaël Maraval-Hutin, elle a bénéficié de la préemption de l’État pour le musée, ainsi que de la participation du Fonds du Patrimoine (Ministère de la Culture) et de la Vogue Paris Foundation pour son financement. "C’est un record du monde pour une pièce du XVIIIe siècle", se réjouit le commissaire-priseur. Pour le Palais Galliera, c’est aussi la première acquisition de cette envergure. Car depuis 2004 - année de l’acquisition de pièces ayant appartenues aux Princes de Ligne -, puis 2007 - année de l’acquisition de l’habit et de la chemise du Dauphin, futur Louis XVII -, jamais la collection de costumes du XVIIIe siècle du Palais Galliera n’avait été à ce point valorisée.
Découverte dans la région lyonnaise, cette robe pourrait avoir appartenu à l'origine à Françoise de la Chaize d’Aix, épouse de Pierre-François de Montaigu (1692-1764) qui fut ambassadeur de Louis XV à Venise (de 1743 à 1749) et qui eut pour secrétaire l’illustre Jean-Jacques Rousseau (de 1743 à 1744). La robe était jusqu’à présent conservée au château de La Chaize dans le Beaujolais, foyer de la famille de la Chaize d’Aix qui compta parmi ses membres le confesseur de Louis XIV. Elle date des années 1730 et présente toutes les caractériques de la "robe volante", tout en dévoilant une forme inédite.
C'est à la fin du règne de Louis XIV qu'une nouvelle forme de robe, au corsage non baleiné, apparaît. Cette toilette inspirée des robes de chambre - venues des Indes, alors très en vogue - aura bien des détracteurs qui l’accusent d’avoir été lancée par Madame de Montespan, maîtresse du roi, pour dissimuler ses grossesses. Au tout début du XVIIIe siècle, cette silhouette évoluera en ces grands manteaux dits "robes volantes" à larges plis tombant des épaules jusqu’au sol, portés sur une jupe. Ainsi, la "robe volante" semble confortable, bien que portée sur un corset et sur un panier. Mais jugée indécente pour paraître à la cour, elle est vite remplacée par la robe dite « à la française » qui triomphera dans toute l’Europe à partir de 1730 jusqu’à la Révolution.
Jusqu'à présent, il n'existait que trois exemples de "robes volantes" dans le monde, dont le Palais Galliera conservait déjà un exemplaire. Les deux autres sont conservés aux États-Unis (Metropolitan Museum) et au Japon (Kyoto Costume Institute), mais elles présentent des variations de forme. Avec cette nouvelle acquisition, le musée de la Mode de la Ville de Paris possède désormais deux robes rarissimes qui comptent parmi les plus anciennes pièces de ses collections ; il confirme le positionnement international de son patrimoine et ouvre ainsi de nouvelles possibilités d’appréhender un chapitre encore méconnu de la mode féminine du Siècle des Lumières.
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