Menu principal
Yohji Yamamoto
S’il produit des vêtements depuis 1970 et crée sa marque en 1972, Yohji Yamamoto ne défile à Paris que depuis 1981. Comme sa compatriote, Rei Kawakubo, il est remarqué par la presse en 1983. Ses vêtements dépouillés, noirs, comme fatigués par l’usage, ont une poésie qui s’accorde avec le caractère non fini des pièces de Comme des Garçons et l’on parle, à partir de cette année, d’une école japonaise. L’apport des deux créateurs à la mode des années 1980 est considérable et leur esthétique révolutionne rapidement les habitudes vestimentaires. On parlait déjà de « paupérisme de luxe » dans les années 1920 avec Chanel, et Yamamoto en renouvelle le concept de façon contemporaine.
Yohji Yamamoto a toujours refusé l’étiquette de créateur japonais ; sa recherche trouvant son fondement dans le vestiaire occidental. Qu’il se réfère aux vêtements traditionnels, ou rende hommage aux grandes figures de l’histoire de la mode, Yamamoto propose une lecture distancée qui confère à sa création une pertinence inattendue.
L’ensemble en cuir velours est surprenant. Le regard que porte Yamamoto sur les conventions de la silhouette occidentale - telles les robes à paniers ou les crinolines - ne cesse de nous questionner. Dans ce modèle de défilé, il fait se rejoindre les extrêmes de l’histoire du costume telle qu’on la voyait représentée dans les pages de garde du Petit Larousse : la sophistication exacerbée d’une robe de cour du XVIIIe siècle ou du Second Empire associée aux peaux de chevreaux ayant conservé la forme de l’animal. Deux façons radicalement opposées de se vêtir, celle de la préhistoire et celle de la cour, qui marient la nature et la culture.
Auteur de la notice : Laurent Cotta