Album du Figaro, N° 18, printemps 1949

1 Un test consiste à accompli r un acte, simple ou compliqué, dans des conditions toujours semblables à cllcs•mêmcs. li s'appa· rente à un jeu parce que le jeu est une répétition gratuite de l'activité réelle quotidienne. Les 116 tests dits caractè:ricls mettent en lumière les mécanismes fondamentaux de notre être .. psychologique. Depuis bien longtemps, les femmes, ces psychologucs-nCS, organisent des jeux de salon pour percer le mystère de leurs amis des deux sexes. A vcc beaucoup de finesse, dies savent interpréter la démarche d'un personnage, sa façon de p(nétrcr dans un salon et de s'y comporter. La psychologie actuelle a codifié ces observations empiriques. Le docteur Pierre Mabille utilist, avec prédilection, le test du village ; celui-ci fut, à son origine, considé:ré comme une épreuve d'aptitude; en moc.ifiant ses données et en le regardant comme l'analyse d'un geste crfatcur libre il constitue une épreuve p:i.rfaitcmcnt révélatrice. Bien entendu aucun test ne peut à lui tout seul révéler l'extrême complexité de notre Moi dans ses niveaux différents de conscience. Pas plus que le médecin ne peut se contenter de quelques symptômes, le psychologue ne peut limiter son invcstiga~ion à un _sc~l procédé d'analyse, si_ pass1~n?ant soit-il. Voici en quoi cons1Ste celui-a : on doi:inc au sujet les pièces d'un jeu de_ co~struci:1on d'enfant; les unes ont une s1gn1ficatton évidente (maison, arbre), les autres sont plus difficilement identifiables, elles se prêtent à des assemblages différents suivant la fantaisie personnelle du sujet. A vcc ces matériau~ dont on sera à la fois l'architecte, l'urbamstc et l'habitant, il faut construire dans le temps qu'on veut un village. L'observateur note les paroles du sujet, ses réa~tions en fa~c-des difficultés qui s'offrent à lm, le plan smv1ou l'absence de plan, l'activité facile ou inhib~e. La place et l'importance données à certa1_ns édifices renseignent sur les complexes affectifs profonds. En règle générale, pendant la construction du village comme pendant toute création de quelque importance, l'individu parcourt en les résumant l~ différentes ph~cs qu'il a traversées dans sa vie pour constnnrc sa propre personnalité, il évoqu~ égalcme~t ses désirs et ses espoirs plus ou moms consacnts. F.\ITES UN VILLAGE ... LA VICO~ITE.SSE DE .,'OAILLES, },farie-Laure de Noailles, que l'on voil ici à côté du D' Pie"e Mabille, es/ ,me des perso,1110/ités 11011 se1deme11t du Tout-Paris mais aussi de l'intel!igentzia e11ropéem1e et s011 salon moilllient la tradition des c rneUes :t d'autrefois. C'est 1me amie éclairée des arts et des artistes. Sujet qui possède une grande maitrise de soi et le sens de l'organisation. Sait écarter les obstacles qui se dressent sur son chemin. Grande loyauté. Sépare en elle la vie consciente de sa vie intérieure où son assurance cède alors devant l'attrait de mythes lointains. Aussi exigeante pour elle-même que pour autrui. Son problème majeur est de dompter l'immense passion qui l'habite pour l:i. canaliser dans une forme classique, rationnelle et ordonnée. Aurait fait, si elle avait ap1:iartenu au sexe m:-isculin, un grand administrateur ou un homme d'Etat très avisé. M, PIERRE ALBAl/t.RA,V Tout le mo,ule comroit le célèbre joueur de bridge, auteur d'une mét!,ode pratiquée par la plupart des grauds jo11e11rs ettropéens. Pierre Albarra11 passe, à juste titre, pour 1m sorcier des caries do,1t les combi1wisom so11t d'11•1e redoutable s11btilili. Sujet d'une extrême sensibilité. Réactions impul• sives, toujours tendues vers la libération et la fuite. Agit le plus souvent par intuition. Celle-ci lui fait entrevoir la solution des problèmes avant qu'il n'ait trouvé les moyens de la réaliser. Inquiet, soucieux de ropinion d'autrui. Passionné p.u les réactions de son entourage. cherche à créer autour de lui l'har• monie et rentente. Bien que n'étant pas un esprit scientifique, a \'obssession des chiffres. Plus artiste que rationaliste s'efforce à limiter sa fantaisil'!. ... ,n VOUS DIRAI QUI VOUS ETES PAR LE DOCTEUR PIERRE MABILLE il 11'est pas besoill de prése,iter M• l:ard, le fougueux avocat de l'affaire Kravcltenko et de ta,it d'autres causes ciUbr-es qui Ot1t fait de foi w1 des maitres du Barreau parisien. Personnage d'une extrême acuité en qui se mêlent deux individus : un mystique abstrait, intransigeant, brutal, pour qui l'idéal est tout el la réalité peu de chose. et un homme sensible, ému par la vie, tendre, inquiet, anxieux de ne pas blesser ceux qu'il aime. Sa forte individualité ne peul s'épanouir sans qu'il ressente, comme une sorte de complexe de culpabilité, la constante présence dt! la misère populaire. Possède une extraordinaire aisance, une décision rapide, un grand sens du responsabilité et ne se soucie guère de ce que peuvent penser les autres de son action qu'il oriente en fonction de lïmpératif de 53 conscience. Il ..-a •e aol que Je• •••1,-ae• •e e.,,..clfcre que n•u• d•nn•n• le• aoal ••••••••~rnen• lno,•n1p•~•e• 117

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