118 Tissages Nouveaux ... C 'est une saison de beaux tissus, de tissus réussis à la perfection. Dire qu'ils ont ]a perfection d'avant•gucrre serait un compliment banal. Non, ils ont progressé. Ils sont mieux qu'avant-guerre. Pour la joie des couturiers - et la nôtre - ils ~ tombent » net et précis ou ils s'envolent comme des nuées. Chose plus rare encore, il y a de nouveaux tissus. Pourtant on sait comme il est difficile d'inventer dans ce domaine. La laine accentue ses qualités : sécheresse extrême ou moelleux délicieux. Secs, certains lainages arrivent à p.1raître aussi fins et froids que du coton, aussi lisses que de la soie. On compte, parmi les créations originales de ce printemps, le taffetas de laine de Moreau et son shantung de laine, !'ottoman de Leleu, la piccotinc de Raimon, piqué de laine à côtes fines. Le succès va toujours aux tissus secs et serrés : alpaga (mêlé de soie ou de rayonne), gabardines, draps minces, aux grains d'habi_t. Aux tissus moelleux et légers : gros lainages destinés aux amples manteaux, tweeds el ratines classique:;. comme chez Rodier el Dormeuil. D'autres sont moins crthodox~s et voici le nouveau panta!az de Lcsur ; des flanc!les, beaucoup de flanelles, unies, rayées, à pied de poule, quadri!lées, Prince de Galles. Plus légers encore : pour les robes, une étamine de Lesur, des toiles de laine de Labbey, le jersey au point mousse de Lesur el tous les jersey de ces spécialistes que ,sont Racine et Sinclair. La soie précieuse, la soie naturelle est revenue. Tissée à la chinoise : shantung, épais chez Coudurier, honan, tussor, uni chez Jean Page, rayé chez Léonard, imprimé de chinoiseries chez Chati\lon, bourrette••• Plus serrée, parfois côtelée, elle devient twill, surah, reps, tissu de cravate. Plus sèche encore : les taffetas nerveux ( Lajoinie, Buche, Guillem.in ), les failles fières, les moires majestueuses, le poult de soie ( Roubaudi ). Un nouvel organdi-shantung de Michel. Puis, en contraste, aussi douce que légère, !a mousscllne, dont les transparences et les superpositions ont inspiré aux couturiers de belles robes du soir ou de fin du jour. Elle est unie chez Jean Page, Bianchini et Buche, rayée de traits de plume chez Staron, ornée de bouquets en camaïeu chez Combier, de fleurs vives chez Ducharne. La rayo1111e, pure ou mélangée, donne des tissus extrêmement divers et bien au point. Toile, doupion, gros-grain, bengalinc (Labbcy, Perrier), alpaga. Une nouveauté qui est en réalité un résurrection, le droguet, nous ramène quelques siècles en arrière. Pétillault a su recréer cette toile charmante, d'aspect discret. Certains taffetas ou failles de Ducharne brillent de reflets changeants comme la carapace d'un coléoptère. Cokombet obtient un effet analogue en rapprochant de fines lignes tricolores. Le lin offre ses toiles aux tons vifs et francs pour le plein été. Les cotons sont nouveaux el rares. I!s sont si fins qu'on peut les prendre pour de la soie. 11 y a des moires et des failles <le coton chez Sinclair, des percales imprimées chez Flachard et Staron, aux charmants coloris. Le nylon déYeloppe ses possibilités avec les craknyls de Buco! dont les derniers créés sont ornés de dessins intenses et frais. Deux nouveautés pour les robes légères du soir : le jersey-tulle de nylon de Sinclair et le taffetas de nylon de Lajoinie. L'ùnprimé n'occupe qu'une place assez discrète puisque tout l'intérêt va vers !e tissage. Pas de grands ram.1ges bigarrés. Sobres pois et minuscules pavés dans toutes les variantes possibles et le plus souvent bicolores. Motifs discrets inspirés du cachemire et surtout traits de plume, stries irrégulières chez Staron. Les couturiers ont choisi plus particulièrement des dessins inattendus en effets de trompel'œil : imitation du marbre, de la peau de reptile, des brins de paille. Sur la page de gauche: tailleur de Jacques Hcim, en lainage diagonale gris-beige, boutons de nacre à la fermeture et pour souligner les poches. Robe-tailleur de Nina Ricci, rn lainage à petits damier~ noirs et blancs. Ci-dessus : Le tail!eur de Manguin en tweed brun se po~c avec u_nc cape asymétrique, la vraie demi-cape de saint Martin après sa bonne action légendaire. 119
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