Album du Figaro, N° 18, printemps 1949

Ala base de ma collection, j'ai une trouvaille de coupe et de montage. En plaçant la couture d'épaule plus près de l'avant qu'elle n'était jusqu'ici, je fais déborder le dos des jupes sur le devant: cela change toute la silhouette. Ma ligne rabattue oblige les femmes à se tenir les épaules ramenées en avant, le dos un peu rond, timides, pudiques. La silhouette est comme poussée dans le dos; les jupes se massent vers l'avant en plis épais. Les cheveux aussi sont ramenés vers l'avant; ils sont coupés très courts. Les chapeaux moulent le crâne, emboîtent la nuque. La ligne pyramide construit mes manteaux: ils sont amples et retournés en cornets plats. La li,g11e cratère est visible partout, elle donne les cols cornets, les cols entonnoirs. Si les détails de cette collection sont extrêmement recherchés, le style en reste simple et dépouillé. Ainsi doivent être habillés les temps actuels. Ma collection de couture présente deux ou trois idées de base_ Les unes sont complètement nouvelles, les autres ne sont que 'la simple évolution de la collection précédente. Souvent ccllcs-là semblent plus originales, souvent aussi des idées qui ont effarouché à première vue font un succès six mois plus tard. Voilà cc que j'ai voulu prouver avec ma collection actuelle. Mes robes sont pour moitié les « enfants» de la collection de l'hiver dernier. Des enfants bien ressemblants mais plus jeunes. L'ampleur est restée rejetée en arrière et toujours attachée à la taille; les écharpes, au lieu d'être libres, font maintenant partie intégrante du modèle. Les autres suggestions très différences, mais toujours sobres, sont peut-être des indications pour l'avenir. Ainsi ai-je voulu faire du nouveau, donner l'impression du jamais vu tout en restant dans l'extrême simplicité, le (( portab l e }), la véritable élCgance. 125

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