5 ,FBG-ST-HONOR~ 176 BERTRAND FLORNOY CHEVALIER DE L'AMAZONE ( suite de fa J)(lgt \11)) ils se dcmandem d'où elles sortent. Par contre la musique symphonique les bouleverse. Ils écoulent profondément, le souffle coupé, el, parfois, se prennent par la main. Ces mélomanes n'en coupent pas moins les têtes et les réduisent. Flornoy a assisté à la fin d'une de ces opérntions, sans dégoûl. Il me rassure. li ne s'agit point là d'une férocité de boucher mais d'une 01>ération magique. Voici la recette. On incise le crâne. On tire, on dépouille comme un lapin, 3\'Cc des pelits couteaux de bois, le cuir chevelu et Il peau du visage. On perce les lèvres de trois trous et on les coud pour empêcher la bouche de s'ouvrir. On coud de même les paupières pour transformer la tête en une poche qui enfermera Je ~latin. On aseptise en faisant bouillir dans une décoction d"herbes. On moule sur des pierres fortement chauffées, de plus en plus petites, tout en lissant rextérieur avec une pierre chaude qui sert de fer à repasser. On obtient ainsi la tsa1Usa, ou tête réduite, qu'on reçoit solennt!- lement à la case parmi des cérémonies de purification et de lavage et qu'on présente au soleil avec des paroles rituelles. Alors seulement les femmes et les enfants peuvent la loucher. J'ai vu de ces tétés au i\Iusée de l'Homme. Grosses comme une pomme, endonnie5, fermées de toutes parts, de la couleur d'une boule d'escalier en chêne. Avec leurs cheveux qui pendent, cl parfois, une queue d'élytres de coléoptères, du vert brillant du bronze. En exploration au Zoo Le lendemain, dimanche, Bertrand Flornoy accompagne son fils, Patrick, au Zoo de Vincennes. Le petit Patrick, élève de troisième au collège du :\lontcel à Jouy-en-Josas, aimerait beaucoup voyager « mais pas être explorateur ,. - Pour ce quïl reste à explorer !... gémit cet enfant d'une planète bourrée. Il a beaucoup tremblé pour son père, 1>endant 1:1 dernière expédition, parce qu'il savait quïJ était parti malade. Bertrand Flornoy a contracté là-bas, en 1947, un abcès amibien au foie, qui s'est enkysté, et dont, héroïquement. en haussant les épaules, il ne veut pas qu"on p:irle. -Maiscen"est rien, cen"estricnça. Tandis que nous déambulons, avec les hordes des dimanches, devant les bisons d'Amérique en mal d'amour, les ours polaires qui font les beaux pour un crouton, les éléphants qui se b:danccnt et exécutent des entrechats, une patte de derrière galamment tendue : - J'ai vu beaucoup moins d'animaux dans mes explorations, dit Bertrand Flornoy. La forêt est trop dense. Une boisson répugnante Ce que préfère Bertrand Flornoy c'est vivre seul avec ses Jndien~. li danse i'.lvec eux. 011 se prend par la main, 011 saute, c11 fait ce qu'ils Jo1il. li leur parle. Parfois il n'échange pas cinqu:mte mots par jour. li se perd dans leur silence, comme ici i'.lu milieu de cette foule. Et sa solitude, là-bas, parmi ces muets, lui paraît moins effroyl'.lble qu'à Paris. 11 boit avec eux, sans vomir, le yamo.11clie : ces racines cuites, que les femmes mastiquent pour que leur salive serve de ferment. qu'elles crachent dans des janes et qu·on étend d'eau. - C'est très rafraichissant. Ça soutient beaucoup. Il reste parfois une heure entière, sous la case, à gratter ses chaussures, l'esprit en demi-sommeil, lavé des ignominies de la « civilisation ,. La nuit tombe à six heures. Il se couche sous la moustiquaire pour dormir. :\lais la forêt le tient en éveil. C'est alors que surgissent < ses problèmes ,, ses débats et ses souvenirs : ce qu'il fuit el ce qu'il cherche. Bertrand Flornoy repart pour sa quatrième mission. Ainsi a c~oisî de vivre ce solitaire dont l'oreille, affinée loin de nos fracas, perçoit, dans la jungle de nos propos, ce qu'on n'a pas ::\c~::; :!se;!:~~; :a~::é:a, r;~~t{u~~~- ~~~;~i!u;r\~~lri:::i,S:!~: le prétexte de découvrir les sources de l'Amazone, voyageur de ses soucis, explorateur de lui-même. PAUL GUTH Nylosette•, intoo gown offobulous beouty. Sheer loyers of midnight blue posedovermauve creote theenchontmenl. Flome resistant Nylosette•, on exdusiveAmericanSilkMillsfobric, ii feotured in fine fa1hian1, ond by the yard al leading 110,1111. AMERICAN SILK MlllS, 1400 Broadway, N.Y.C •Dupont nylon 177
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