LES GllANDES VEDETTES DE LA TABLE CHATEAU-YQUEM MEURSAUlT CHAMBERTIN RIESllNG Le Châlcau-d'Yqucm règne sur les Sauternes. C'est le roi d<!s vins blancs de France, titre qui ne lui a jamais été contesté. Ce roi nous est donné par un champignon au nom sympathique : ie botrytis cinérée ; c'est lui qui provoque « b pourriture noble » en attaquant vigoureusement le raisin mûr. Cc qui explique la vendange tardive (vers la fin de septembre) : les vignerons ne vendangent ici que lorsque les raisins sont atteints par cette pourriture noble, grain par grain, revenant sur les grappes à plusieurs reprises. Le marquis de Lur-Saluces, propriétaire du Châtcau-d'Yquem, nous a expliqué qu'il ne craignait pas les contrefaçons américaines ; pourtant, outre-atlantique, il existe un Sauterne (sans s) califomi<!n qui ne manque pas d'allure, certes, mais n'a pas l'intention de rivaliser avec !e nôtre. Comment s'approcherait-il des 1874, des 1893, des 1900, des 1904? Bien entendu, le Château-d'Vquem apparait au dessert convenablement frappé. • Le vignoble bordelais a engendré un esprit et une éthique : parler du vin de Bordeaux, c'est faire surgir une idée d'unité. CeW.l idée a commandé la naissance de l'Académie du Vin de Bordeaux qui fera bientôt ses premiers pas et boira son premier biberon ; elle ne sera pas seulement un conservatoire où se réuniront ::les professionnels du Vin, mais une assemblée qui exaltera ~et humanisme bordelais dont le vin est à la fois !a cause et l'obJet. Les grands seigneurs de Bourgogne En Bourgogne, la carte des vins est une carte d'état-major. La région est vaste et-les sols divers. Les rois, ici, _sont dans le _département de la Côte-d'Or : le Gevrey-Chambertm a de la seve et du moelleux, le Chambol!e-Musigny montre de la souplesse. l! Y_ a le Clos-Vougeot, le Vosne-Romanée aux couleurs dél~cates, les vms de la Côte de Nuits, ceux de la Côte de Beaune qui o_nt du c~r~s et de la chaleur, de la sève et du bouquet. Il faul citer aussi 1e Pommard (qui a de la loyauté, comme disaient nos pères)_. le Volney, les grands blancs de l\·leursau!l - le Montrachet au lcger goûL d'amande, les vins de Puligny. Pas de classement entre les différents crus. Seulement, en 1861. un classement par communes. C'est la renommée qui a conféré !a première place aux gr:mds vins de !a Côte de I\uits : Cha~bertm et clos de Bèze-sur-Gevrey, clos de Tart-sur-Morey, l\'1~s1gny et Bonnes-1\fares-sur-Chambol!e, Je clos de Vougeot. les trois Romanées et le Richebourg-sur-Vosne, le Corton-sur-Aloxe. VEUVE CUCQUOT CHAfü\U·LATOUR COGNAC ARMAGN,'. Il faut citer obligatoirement, dans les Côtes de Beaune, le vin des Hospices, vendu à !'Hôtel-Dieu chaque année au cours de la plus célèbre vente de charité du monde ; el aussi le vin de « la vigne de l'Enfant-Jésus ». La tradition rapporte que celle vigne fut plantée par des religieuses qui possédaient dans leur couvent une statue miraculeuse de l'Enfant-Jésus. Anne d'Autriche, qui n'avait pas d'enfant, y vint en pèlerinage. Les prières, la statue et le vin opérèrent : peu après, la reine attendait un fils. Et que! fils, puisqu'il s'agissait de Louis XIV ! En somme, la plus belle réussite du vin de Bourgogne... Anne d'Autriche, en compagnie du futur roi de France, revint à Beaune pour l'action de grâce : l'Hôie!-Dieu a conservé dans son livre d'or la trace de cet événement mémorable. Les chevaliers du Tastevin montent une garde aussi joyeuse que vigilante devant l'armée des bouteilles ; et !'on sent venir des poulardes dorées et craquantes, des jeunes marcassins qui fondent dans la bouche, des rôtis qui fument et des volailles juteuses de graisse jaune. L'Alsace Il n'y a pas en Alsace de « dom.aines » ou de « clos », comme dans les autres régions viticoles c'e France. Si certaines maisons ont adopté ces dénominations, ce n'.:st que par souci de publicité, car la réalité est différente : la propriété esl très morcelée et nombreux sont les viticulteurs qui ne possèdent qu'un ou deux hectares d~ vignes. On affirme que dans les bonnes régions cet hectare suffit à faire vivre une famille. Autre nuance : il n'y a pas de cru proprement dit, en Alsace. mais des cépages vàriés qui donnent des vins variés. Les ancêtres des Hugel, par exemple, â Riquewihr, produisirent des Traminer et des Riesling dès le début du xvu• siècle ; ils acquirent â cette époque les premières parcelles de vigne sur le coteau du Sporen, puis sur celui du Schœnenberg. Le raisin est cueilli à maturité complète et on le laisse sur la vigne le plus longtemps possible. Ainsi, l'an dernier, les vendan~e~ n'ont été terminées que le 8 novembre et les grappes ont profite du beau temps de l'arrière-saison. Le bois des fûts a une grosse importance. Le meilleur est Je ch?ne de Russ'.e. L_es dou~es s~n~ taillées d'une seule pièce. Le bon vm nouveau d un cepage determme est généralemeni mis dans le même foudre qui a déjà contenu, wite p11ge l~U L'ART DE MARIER LES ~ETS ET LES VINS E RDEAUX ROUGES vec les v\andes rôties de fume! ger : agneau, veau, volaille. romages : camemberl, brie. l URGOGNES BLANCS 2~~:t vi~:~~=•• bli~~~!-agt~ )URGDGNES ROUGES "61:. d.,"; ;~f.~~Z!s, d~ol~Ï;.he~: auce, gibiers et h:omaqea. )TES DU RHONE ,~1~!~=· CU~~~:::::, ~fb1~: :tôt\~~'. I _$ACE ~~~nt;t&1~:::~~e;]!~u~:af~~, \i,NS DU CENTRE T~1~:re, ~~~~Xt"'·~:~g~~lni~ ANJOU ET TOURAINE :fEt~ie~/f~::ri~l.;·~r:;~~ct~::,~ MUSCADET 1-luitres, coquillages, poissons. CHAMPAGNE ~~I?0~;r; ·\il~~~l~ ~:f t~ POuvezleservirau debut TEMPERATURE : 8 à JO- pour les ~t-S Pf~RRE ROZî. -:-- M. ROU, c'est le vin d'Anjou. JI vit à Bnssac, non lom de la vieille église, dans une solide maison adossée au Priruré de la Colombe gui fut construit au XW siècle. Le_s ancêtres de M. Ro:U !'acquirent en 1798. - "U~ de mes aieux, nous _expli gue-t-il, qui fut en même temps offioer de la Garde lmpénale et percepteur se maria ici . Depuis, nous sommes restés sur cette terre - 5 5 hectares de vignobles • pour nous efforcer de la mcme en valeur." - M. Rmé se consa~re aussi ~-la défense de sa profession; il est président du Synd~cat des V1t1cu!teurs des Côteaux de ['Aubance, de l'Institut du Vm et de la Confédération des Vignerons du Centre-Ouest. li règne sur des noms célèbres depuis les Plamagenet : Coulée de Serrant, Rablay, la Roche-aux-Moines, le Quart d_e Chaumes, etc... Sur la photographie, M. Ro:z.é fume une cigarette devant le bron-z.c donné à son aïeul par !'Empereur. COMTE ROBERT DE VOGUE. - Des yeux vifs, une voix douce : le Corn.te de Vogui:, ms du Marquis de Vogui:, a Jl ans. Il préside à la destinée du "Moët et Chandon" avec le C?>mte Paul Chandon-Moët et le Comte G. de Maigret'. Son alliance avec le cham~gne date de son mariage avec· Mn< d'Eudeville, arrière-pemc-fille de Mm< Auban-Moët. li est _le diplomate de la maison : six mois à Epernay et six mois de voyages. Le Comte de Vogu~ est un ex-condamné à mort : sous l'occupation, il était à la tête d'un réseau de Résistance, et fut arrêté par les Al!emands. Pendant 18 mois il connut la vie de la forteresse et des bagnes naüs'. M. ?e Voguë n'aime pas rappeler ces souvenirs. Les dom~mes de "Moët et Chandon" comprennent 400 hectares de vignes. Le concurrent le plus sérieux du champagne français est le champagne :unfricain ... aux U.S.A ., bien entendu. MAURICE HENNESSY. - Depuis 1 765, les Hcnnessy sont dan~ le co~nac. C'est le colis familial qui est à l'origine de la Maison. Richard. Hennessy q~i était venu de Cork pour se mettre au service du_ Roi dans le régiment de Clare, cantonn~ sur la c~te de Samtonge, était Irlandais et complaisant. Blessé, 11_ se retira à Cognac d'où, à la demande de ses parents, 11 expédia outre•mcr quelques fûts d'eaux-de-vie. Aux parents succ&ièrcnt les amis. Devant le flux des demandes,_ l'expéditeur réclama une commission de 2 ° 0 • M. Maunce Hennessy gui préside actuellement aux destinées du Cognac Hennessy est le fils de James, dont l'écurie d~ cour~s fut fameuse._ C'est un vrai sportif. Il pilote !~1-même _son avion personne! et s'ocaipe de ses terres; 1 a_n de~1er, sa casaque a gagné l'Omnium. Le cognac fan partte de la famille depuis si.x génératicns. DUC DE FEZENSAC. - Le Marquis de Montesquiou, duc de Fc-unsac, compte le plus célèbre des "trois mousquetaires" dans ses ancêtres : d'Artagnan. D'ail!eurs, il lui ressemble : jeune, mince, nerveux, un regard qui vous trouve sans vous chercher long_tem~. Aujourd'hui, d'Artagnan porte un complet de Aanelle gnse, circule en jeep et fait désherber la cour du castel familial au chalumeau. Le chàteau de Marsan qui est accroch1 su~ la route d'Auch à Toulouse, en plein Armagnac, es~ depuis m11k ans dans la famille du Marquis de Montesquiou. la on ne veut pas entendre parler des méthodes industrielles: c'est le r~gnede la conception artisanale. Ainsi, dans les chais, seulement trois personnes : le maitre de chais, une femme pour les étiquettes et un homme pour la mise en bouteilles. La Renommée a fait le_ r.este... Le ~rguis d.e M?ntesqui_ou présente d'Artagnan à un visiteur auenuf e_t plem d admiration : il ne songe pas, pour se venger, à écnre une vie romancée d'Alexandre Dumas... 109
RkJQdWJsaXNoZXIy ODcwNTE=