,. LE DAGUERRÉOTYPE DE CHOPIN DISPARU A VARSOVIE. /'a• EDOUARD HERRIOT a{, /'dcacamû, ~n;,-aû,,., CONSTANTIA OU.DKOWSKA, LES QUATRE ÉGÉRIES DE CHOPIN " L 'a•••• CA:opfn" •cra Nnc ••,.•• de -••lfe•la.flon• /cruc11fe• oa ••ra. •uoqu• •• 11•nle du eo..po•fleNr, .. orl If li a. eenl •••· A ,-,•• oa Chopin P•••• u11e graNd• parue de •• •r~.,e e•f•lence, •eronl do•n•• de ..a ..tJr•u• r•cflal• do111 .,,. de• pre-fcr• da,.. ecl HOlel La-••rl oail ClloplN Joua 1111•-•-• plu•le11r• fo,.. M . BdoNard Herriot, •O•• I• patronag• de qui ••e•I eo-uiu• le eo-u• Clt.opf11, a· fa.li revlure Ici le• jl.gure• t•-m111e• qui •• p-l•g•r••I •• dc•II• •••l'-••lal du -N•fcfeN. L. p,emiè<e fut Constantin Gladkow,ka, un, ,1èvo du Conservalolre de Varsovie, qui avait reçu les conseils de la célèbre Henriette Sontag. Chopin, quand il la découvre, n'a pas encore vingt ans ; incapable par timidité de lui avouer sa passion, il compose pour elle plusieurs œuvres dont une de ses valses (op. 70, n• 3), assiste à ses débuts dans l'Aanès de Paër et, pour elle, retarde son départ de Varsovie. Dans le concert qu'U donne avec un grand succès le 11 octobre 1830, elle chante, vêtue de blanc, les cheveux couronnés de roses, la cavatine de La Donna del Lago de Rossini. Mais la décision de départ est prise. Frédéric écrit assez lestement à son ami Titus : c Je mettrai ma musique dans ma valise, son ruban dans mon Ame, mon Ame sous mon bras et en avant dans la diligence ! • Dans son journal de voyage, la jeune fille écrit c Tu accomplis les tristes changements du destin. Il faut nous Y résigner. N'oublie pas, lnoublié, que l'on t'aime bien en Pologne. • De tels adieux n'ont rien de dramatique. Constantla abandonnera le théâtre, se mariera avec un gentilhomme campagnard et deviendra aveugle. L'amour, certainement très sincère mais très passager de Frédéric pour la chanteuse couronnée de roses, ne !ut que le sonse· d'un enfant. Arrivé à Vienne, il ne cesse de penser à elle, à une bague qu'elle lui a donnée ; il a plaisir à fréquenter la famille Beyer parce que la maitresse de maison porte le même prénom que la bien-aimée, mais il apprend le mariage de Cons~ tantia avec calme, estimant qu'il ne peut nuire à une aftectlon toute c platonique :t. C'est peu et c'est tout. p e~:;::~e;:~::!t~~=::n::e:;: ::a:;ns'!:!~:~ :ol=e~ Elle, du moins, se lamentait, à en juger par cette lettre douloureuse : c Je suis triste de te savoir abandonné et solitaire... Ici, mon temps se passe d'une façon ennuyeuse et je souhaite de n'avoir pas plus de désagrément encore. Mais j'en ai assez... Au total, la vie n'est qu'une immense dissonance. • On a discuté sur cette lettre et sur le degré de l'intimité qu'elle révèle. M. Edouard Ganche, si informé de tout ce qui concerne Chopin, suppose que ce tutoiement était souvent employé par la noblesse polonaise ; c'est peut-être une explication trop simple. Delacroix avait rencontré chez le musicien la comtesse Potocka, sœur de la princesse de Beauvau ; il avait été ébloui par sa beauté, par sa toilette de velours noir, par sa coiffure. L' c enchanteresse >, comme Il l'appl.lle, était une excellente musicienne ; elle avait une fort belle voix de soprano ; Chopin lui dédia, en 1836, son Concerto en !a mineur pour piano et orchestre (op. 21) et, en 1847, une Va.Ise (op. 64) en la bémol majeur ; il joua devant elle, avec Franchomme, sa sonate pour violoncelle et piano. Leur amitié subsista jusqu'à la tin de Chopin. Lorsqu'il !ut à l'agonie, elle vint de Nice, le 15 octobre 1849, pour le voir une dernière lois ; suivant certaine tradition fort contestée, elle chanta pour lui un air de Bellini ou de Pergolèse ; ce qui est certain, c'est qu'elle avait tout quitté pour assister aux derniers moments de son ami. Delphine Potocka apparait dans la vie du jeune Maître comme une haute étoile sur laquelle il fixera ses pauvres yeux mourants. Sur Marle Wodzinska nous sommes mieux renseignés. Lié avec ses frères, Frédéric, enfant, jouait avec elle à cachecache ; il lui avait enseigné le piano ; il la retrouvait à Dresde en 1835 et y vivait pendant quelque temps avec sa famille dans la plus tendre intimité. On conte que, la veille de son départ, Marle lui oUrit une rose et que, dans l'émotion de ce cadeau, il improvisa la célèbre valse en !a mineur dite valse de l' Adieu. Elle se plaignait que son ami, - son frère, disait-elle, - 1\J.t désormais accaparé par les Français. André Gide, en ses récentes et charmantes Notes suT Chopin, rappelle et commente ces mots. c Marie a attrapé son cœur •• écrit Louise, la sœur de Frédéric. C'est à Dresde où Us se rencontrent de nouveau, en septembre 1836, que Chopin, au crépuscule, comme il convient à des jeunes gens romanesques, se fiance secrètement à la jeune fille ; les parents ne firent de réserves que sur la question de santé. Le projet !ut rompu au m!Jieu de l'année 1837. De toutes les lettres des Wodzinski, Frédéric fit un paquet noué d'une faveur rose sur lequel il Inscrivit ces mots: Moïa. biéda (Mon malheur). Il semble que Marie n'ait pas éprouvé la passion qu'elle avait inspirée. C'était, suivant le témoignage de sa nièce, c une nature passive, sans tempérament et qui se laissait tacilement influencer >, Ses images nous présentent une figure bien C'est seulement en 1839 qu'elle se fixera à Nohant. Déjà, Indiana et Lélia l'ont rendue célèbre. Année par année, jour par jour, elle poursuit son immense labeur littéraire où se traduisent son imagination, son don d'universelle sympathie, mals a_ussi sa docilité à subir des influences diverses. Une idée domine toute cette production où les souvenirs personnels tiennent une large place : la supêriorité de l'amour sur les conventlons sociales qu'elle dénonce et combat, à la manière de Jean-Jacques, avec une exaltation qu'encourage le romantisme à la mode. Son libéralisme, son lyrisme optimiste, le désordre voulu de sa pensée l'amèneront à concevoir un monde plus généreux que réel ; on lui pardonne beaucoup pour cette bonté diffuse qui demeure la marque essentielle de son génie. Elle connait toutes les audaces et tous les mouvements de la nature. Pour un être comme Chopin, si raffiné, si sensible, tout en nuances, ce sera un redoutable voisinage que celui d'une femme à ce point ardente, impossible à réduire et à dompter. Dans cette relation, Sand paraît représenter l'élément masculin et Chopin l'élément féminin. Aussi n'est-ce pas selon les règles ordinaires de la morale et de la vie qu'il faut Juger leur liaison qui va se poursuivre dans un décor peuplé par des êtres eux-mêmes neutre, d'un modèle courant ; ses yeux ont de la lumière, non de la fiamme. Ses dixDELPHINE POTOCKA. exceptionnels comme Liszt, Balzac ou Delacroix. c Nous nous sommes livrés au vent qui passait •• dit-elle dans une lettre au sept ans ne résistèrent pas aux objurgations de ses parents, efirayés pac la mauvaise santé du fiancé. Elle épausera plus tard un certain comte Skarbek, puis, après l'annulation de son mariage, M. Orpiszewski, près de qui elle mènera une vie terne et sans incident. Il semble que Chopin ait ressenti de cette rupture un assez long chagrin. C'était un être d'une nature honnête et simple, tort peu grisé par ses succès et, à en juger par ses relations avec les. siens, très attaché à la vie de famille. S ~h:i~e::u::c~; d~:;!:r::! é~~d:: qui sont souvent des plaidoyers pour l'un ou pour l'autre. Tout récemment encore, Mme Aurore Sand publiait, dans la revue Hommes et Mondes de mars 1949, d'importants documents. comte Grzymala. Elle se définit elle-même et sans complaisance. c Je suis très sensible de cœur, très faible de jugement, souvent absurde, toujours de bonne foi. :t En !ace de Chopin, _ du petit Chopin, - elle avoue n'avoir pu gouverner son être par la raison. Il apparaissait si séduisant avec ses cheveux d'un blond cendré, son nez hardiment busqué, sa voix un peu sourde, son élégance et la douceur de ses propos ! En octobre 1838, Sand, qui a décidé d'aller se reposer aux 1les Baléares et d'y soigner sen fils Maurice, emmène avec elle Chopin dont la phtisie n'est pas encore reconnue. Ils s'installèrent parmi les citronniers et les aloès de Palma, puis à la Chartreuse de Valdemosa. Le musicien commençait à tousser et souffrait de la pluie trop fréquente ; le cloitre était pour lui plein de terreurs et de fantômes. On retrouve dans les Préludes composés à cette date la trace de ces visions. Il s'irrite des moindres incidents et, à peine arrivé, ne songe qu'au départ ; suivant une expression de George Sand, le voyage !ut un c fiasco •· Elle écrivait son SplTtdion et remaniait sa Lélia; !ui, d'ordinaire si courtois, s'emC'est par la comtesse d'Agoult que George Sand et Chopin entrent en relation au cours de l'année 1838. A cette date, n a vingt-six ans. Elle, qui en a trente-deux, Possède une riche expérience de la vie. Elle est venue s'installer à Paris, en 1831, avec ses deux enfants, depuis qu'elle a quitté M. Dudevant. Sa rencontre avec Musset date de 1833, bientôt suivie du voyage en Italie ; en 1835, ils ont rompu. MARIE WODZINSKA. portait contre les habitants qu'inquiétait sa présence ; en dépit de ses souffrances, il composait deux Polonaises, une Mazurka, la
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