Album du Figaro, N° 19, été 1949

deuxième Ballade inspirée par un poème de Mickiewicz, e:;quissail le TToirième schttzo ; bien vite, 11 prenait Majorque en horreur et George Sand dut organiser le retour pour échapper aux inégalités d'une humeur plus que jamais lnquiète et ombrageuse. Ils se cachèrent un mois encore à Marseille. c Je me tiens au chaud, écrivait Chopin, et j'ai l'air d'une fille. • Apl·ès Marseille, Nohant; puis le retour à Paris, l'installation avec Sand, rue Pigalle, et la reprise du travail regulier. Des années qui vont suivre, de la vie au square d'Orléans, on aime à l'etenlr les afiectueuses rclaticns de Chopin avec Delacroix. Voilà deux êtres dignes l'un de l'autre, bien que le peintre ait mieux compris le compositeur qu'il n'a été compris de lui. Dans leurs conversations on relève la protestation de Chopin contre la tendance de certains auditew·s à considérer sa musique comme tant d'autres, de mensonge Chopin a été certalnemcnt jaloux de l'affection que Sand portait à ses enfants, blessé par l'attitude hostile de Maurice à son égard. Solange - intelligente, mais capricieuse, égoïste, Apre de caractère - s'était éprise du sculpteur Clesin,:cr, sorte de brute ayant conservé des manières de caserne. Sand souffrait de voir Chopin s'introduire dans ses a[faires de famille et la persécuter de sa jalousie. c Il y a sept aru - &rit-elle, en 1847, au comte Grzymala - que je vis comme une vierge avec lui et les autres ; je me suis vieillie avant l'Age et même sans effort ni sacrifice tant j'étais lasse de passions el désillusionnée et sans remède. • Après le mariage de Solange. l'orage sévit en permanence sur la famille. Chopin c fit une croix • sur son amour. Ils se revirent une fois encore, en mars 1648, et cc fut tout. A en croire descriptive. Ses Prëludes, ses Etudes traduisent des c états de l'âme > et non des impressions. UU)llllf SA!'iD EN \SJ&, Mme Vlardot, Chopin continuait à parler de son amie c avec le plus grand respect >, ce qui Delacroix, apte à tout saisir et qui a, d'amcurs, avec les mêmes goûts, la même noblesse de cœur que son ami, l'aide à dégager sa propre pensée qui s'exprime mieux par des exemples que par des raisonnements. Pour George Sand elle-même, Delacroix était le plus fidèle, le plus constant des amis, malgré les réserves qu'il faisait sur son caractère. Henri Heine - mauvaise langue et bon cœur - faisait partie du petit groupe des enthousiastes. La rupture entre Chopin et Sand se produisit en 1846. 11 n'est pas sûr que le roman de Lucrezia Floria.nt y fasse directement allusion. C'est dans l'Hi.stoire de ma vie que Sand nous conte comment, ayant perdu toute espérance, clic alla pleurer et méditer dans le petit bois de Nohant et décida de renoncer pour toujours à toute ambition personnelle de bonheur. Pourquoi ne pas la croire lorsque, une fois de plus, - avec moins de force expressive que Delacroix mais avec son ordinaire sincérité, - elle peint le partrait de son ami. c Chopin, nous ditclle, était un résumé de ces inconséquences magnifiques que Dieu seul peut se permettre de créer et qui ont leur logique particulière. Il était modeste par principe et doux par habitude, mais il êtait Impérieux par instinct et plein d'un orgueil légitime qui s'ignorait lui-même. De là des souUrances qu'il ne raisonnait pas et qui ne se fixaient pas sur un objet déterminé. > Sand a toujours soutenu que sa relation avec Chopin n'avalt rien eu d'une banale aventure amoureuse, qu'elle s'était résumée dans une lon1&ue tendresse. Nous n'avons aucune raison de l'accuser, après n'étonne pas de la part d'un homme de son éducation. Sand se refusait à commenter le passé. Une certaine Mme de Bcuzelin lui ayant demandé de venir voir le musicien de plus en plus malade, elle répand, avec sa franchise ordinaire, qu'elle a dQ cesser toute relation avec Chopin parce qu'elle n'a plus les ressources nécessaires paur venir à Paris, comme lui n'a plus assez de forees pour se rendre à la campagne. Elle ne refuse pas de le revoir, mals elle croit cette tencontre dangereuse pour sa santé et inutile. D'après elle, la rupture a été avant tout une c histoire de famille >. Nous n'ajoutons guère foi à tous les détails inventés pour satisfaire la curiosité publique et enlaidir une aventure qui n'a rien ni pour l'un ni pour l'autre do::! désobligeant. Frédéric Chopin n'a pu connaitre dans sa vie l'affection tranquille et continue qui lui eût adouci son destin. La fame en est à sa santé, au caractère inégal qu'elle provoquait. à son instabilité. Sur un tel sujet, nous n'aurons pas le courage de juger. li est déjà si difficile d'apprendre et de comprendre ! Sa véritable, sa seule Egérie, c'est sa musique, à laquelle il revient toujours, à laquelle il se confie sans réserve, et qui, seule, nous le fait connaitre, avec: ses variations brusques d'humeur, son désespoir ou son caprice, sa nostalgie. S'il prend des conseils en dehors de lui-même, il les demande aux Maitres de son art, et, par exemple, à ce ,:rand Bach dont il a emporté quelques œuvres dans son humide cellule de Valdemosa. (;'}~7-,-_;v 1/'~ ./1. ,,,,.1 / )'; 1 'i ,/, /'/4) ,,,,, ' // {('J'I 1/iZ. lp} Les dem1m mou &:rits par Chopin. qui mourut le 17 Octobrt 1849. à Paris, 11 PlactVcndôme: "(.o,n,ne rtltt tout m ttouffira je vous m ,jurt dt faire 0111,yir #fOn (flrps pour que je sois pas tnltrrl vif.' Une coupe habile caractérise, chez. Jean Dcss~s. cc manteau en lainage, sans fermeture, fendu et boutonné sur les côtés. LE BLA~C couleur de l'été 61

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