Album du Figaro, N° 20, automne 1949

110 EM~IA l~IVKY Elfe n'avait que 10 ans, en 1818, /orJqu'elle débuta à l Optra. L'i11tellîgenct et la grâce d ~ la jeuue dauseus_e l'impoièrent tout tk suite au pub/te p11risien qui vit rn elle unt nouvelle Taglioui. ûpeuda11t cette g,râct n'app~ raissait pas sur so11 visage : ce portrait nous- e,i révèle ici tout le frappant déséquilibre. Emma Livry avait alors 2.0 a11s. f2!!.elques mois plus tard tl!e '::/;11:r;u;:; b;;Jut;, f:J;~q;;,a::; ;~ à ses i-étements sur le plattau del'Optra. Le Dr Jean Boivin a lui-mlmt r:otl ses observations sur le portrait d'Emma Livry, « Ce visage, dit-il, est ingrat mais ùtténssant. li aurait mérité quelques retouches qui, tout e11 g11rda11t les ilémeuts de son caradère « romautiqut v l'eussent idta/;si. Aujourd'buiceserait une 11écessité po·ur une telle artiste susceptible d'affro11ter les cruautés de la caméra v. Pour les femmes qu'une disgrâce congénitale a fait naitre avec un vilain nez, le drame est de voir en lui un ennemi mortel auquel on est lié pour la vie. On finit par prendre en grippe ce cartilage importun et on le rend responsable de toutes ses infortunes, même de celles dont il est innocent. Et pour toutes les femmes, même pour les plus jolies, c'est un autre drame, qui commence à quarante ans : elles connaissent alors l'angoisse de se dire que le temps et les miroirs seront pour elles, chaque jour, plus impitoyables. Pour les unes comme pour les autres, pour les femmes qu'a fui la beauté, comme pour celles que fuit la jeunesse, une tristesse qui ressemble à une honte les entraîne sur les chemins de la neurasthénie. Privées de l'équilibre de leur visage, elles semblent ne pouvoir jamals trouver l'équilibre de leur vie. Du moins, en était-il ainsi hier, lorsque ne s'étaient pas encore rencontrés ces deux mots : esthétique et chirurgie. Mais l'humanité est lente à accepter les dons que lui fait la science, lente à renoncer à des habitudes de pensées qui ne sont fondées sur rien d'autre que sur l'haoîtude. Et, pendant des années, l'idée de faire transformer son visage par la chirurgie esthétique fut considérée comme une extravagance, sinon comme un sacrilège, dont on ne pouvait parler que sur un ton de dérision et d'ironie. C'est donc un fait social nouveau et important que le nombre aujourd'hui considérable, révélé par les statistiques de la chirurgie du visage, d'hommes et de femmes qui font chaque jour appel à son intervention. Que peutelle donc pour eux et quels sont donc ses plus ordinaires miracles? Il y a d'abord l'e!facement de toutes les atteintes premières du vieillissement : rides qui se creusent, paupières qui tombent, poches sous les yeux, double ou triple menton. Plus surprenant~ encore est la disparition devenue rationnelle des graves défauts en quoi résidait l'attristante laideur d'un visage nez crochus, nez bossus, nez c. en pied de marmite > ou c. en trompette >, oreilles décollées ou privées d'ourlet, mentons de travers, bouches difformes, autant de misères physiques qui plongent les femmes dans le désespoir et qui sont justifiables du bistouri. L'angol--, de.-ant le Jnlrolr Le bistouri, c'est le bon génie des contes de fée d'aujourd'hui qui délivre les âmes prisonnières de leur complexe d'infériorité en restituant aux miroirs leur plus précieuse vertu. Car, s'il y a des miroirs complaisants qui ne réfléchissent que des visages satisfaits d'eux-mêmes, il y en a d'autres qui ne connaissent que des traits angoissés qui se détournent de lui avec horreur. Quelquefois à tort, mais c'est alors un préjugé de l'esprit que les événements dissiperont d'euxmèmes. Le plus souvent, < celle qui ne peut pas souffrir son nez > n'a que trop raison : il n'est pas beau. Sans quoi, elle le poudrerait vingt fois par jour comme tant d'autres. Mais à quoi bon les poudres et les crèmes sur un appendice qui semble vous narguer dans chaque vitrine, qui vous fait perdre votre contenance quand on vous parle et transforme en raillerie le sourire amical qu'on lui adresse. Ce nez-là, il n'y a qu'à le porter chez le magicien pour qu'il le transforme d'un coup de baguette et vous rende con- !iance en vous-même. Suivez-nous dans la salle d'opération et vous allez voir que rien n'est plus simple. La patiente est étendue sur la table, préparée par la morphine et par une légère et courte anesthésie générale. De son visage, on n'aperçoit que les narines. Des mains en caoutchouc s'approchent et, dans l'obscurité de ce tunnel nasal, un travail merveilleux s'accomplit. Travail extrêmement délicat pour l'opérateur, sans douleur pour l'opérée, et sans risque grâce à la pénicilline. L'opération est terminée. Mais ce n'est pas tout de suite que la patiente pourra crier au miracle. La première fois qu'elle interrogera son miroir elle découvrira au milieu de son visage un appendice meurtri. C'est qu'il est encore sous le choc opératoire. Mais heure par heure, jour par jour, elle le verra reprendre forme et bientôt elle aura le nez aquilin dont elle rêvait. Et son âme, en même temps que son visage, aura Suite pa9c 172 DE~ISE 1"0~L Le ne-z...trop long de cette belle comtdiem1e nt l',mpécba pas d'obtenir son 1" prix ,u ûmservatoire, d'entrer aux Français et d'y remporter, dans le rôle d'Ipbig,lnie wtre autres, un g,rand succès, mais l'icran lui reJtait interdit. Jusqu'au jour où um /tgère illterventîo11 reudit l'lquilibre à son visage. LA CHIRURGIE ESTHiTIQUE EST RAPIDE Nature des interventions <------1 PAUPIERES (poches sc:.,s les yeux) NEZ JOUES (rides des tempes et du cou) OREILLES (recollement ou réductior-l Séj?u_r !Indisponibilité l nd :~:;/:~lité en clinique absolue depuis l'opération 1 nuit oo, indispensable 1 nuit pos 48 heures 48hcures 4e heures •ndispensoble 48 heures 8 6 12 jours6 cause des ecchymoses On peut sortir ovec lunettes noires De 3 6 8 jours selon !es cos opératoires 5 6 12 iours selon lesros 48 heures Ill

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