,os même s'il a séjourné dans la Seine. Mais voyez jusqu'où s'avance la science : jusqu'à l'or qui est, depuis le 28 novembre, détr-ôné par le savant américain Arthur Dempster au profit d'un rival artificiel... Et peut-être l'année prcchaine le fabriquera-t-on par kilos en partant d'un métal des plus communs, le plomb par exemple ? LE REGNE DES ROBOTS • Le cinéma muet ? me disait l'aulre jour mon petit neveu. Ah 1 si tu remontes à Louis XIV ! > Eh ! Le prodige de ces cinquante dernières années, c'est qu'elles contiennent à la !ois les bonds lourdauds des frères Wright et le vol Londres-Tripoli en 3 heures ; les demoiselles du téléphone, charmantes bien entendu, mais crispantes, et la télévision de l'arrivée du Tour de France; les images sautillantes de • !'Arroseur arrosé • et la • Jeanne d'Arc • de Victor Fleming, sonore et en couleurs... Mais le cinéma n'est-il pas lui-même une puissance ? Loin de se borner à taire admirer aux foules béates de capiteuses vamps, ne surprend-il pas la vie de l'inliniment petit et celle de l'infiniment grand, les ébats des microbes et les éruptions du Soleil ? Ce dernier n'est d'aîlleurs plus, aujourd'hui, qu'un petit lambeau du monde connu. Le télescope géant du mont Palomar (Etats-Unis), dont le miroir est large comme une piste de cirque, reçoit des nouvelles expédiées par les astres il y a un milliard d'années, et les 1'adio-tétescopes détectent des étoiles qui nous envoient, non de la lumière, mais des ondes hertziennes et que nos yeux ne verront jamais. Ame du cinéma. parlant, la celtute photoélectTique est aussi celle d'innombrables robots. C'est elle qui ouvre la porte ou déclenche l'escalier mécanique dès que nous nous présentons, qui signale l'incendie à bord de l'avion, qui • parle • l'heure de l'Observatoire et, dans les usines de conserves, trie, suivant leur grosseur, tomates et petits pois... Mais cet • œil électrique • n'est lui-même que l'avant-garde de l'interminable armée d'automates dont la science peuple de plus en plus notre société, depuis celui qui anime notre téléphone jusqu'aux • Ce'l'- veau.x électriques > qui font une multiplication en 3/1.000 de seconde, déterminent la trajectoire d'un obus en moins de temps que celui-ci n'en met à la parcourir et résolvent en un tournemain des problèmes devant lesquels eut • séché > Henri Poincaré ... Esclave qui ne réclame ni salaire ni weekend, Je robot est employé pour les besognes dangereuses, et l'homme le commande prudemment à distance. Telle est la magie des ondes hertziennes. Car cellesci ne servent pas seulement à la Tadiodif fusion, pas seulement à la tétévision (bientôt en couleurs, voire en relief), pas seulement au Tadar, protecteur de la navigation aérienne ; elles permettent aussi de diriger, à 4.000 kilomètres, un avion sans pilote, de le faire virer, descendre, atterrir. Ainsi la vitesse, conquête où l'homme, naguère, risqua sa vie, est-elle peut-être désormais le domaine du robot. CONQUETE DE LA VITESSE Paris 1900 : un fiacre va trottinant, cahincaha... une automobile passe, une • Gladiator , de 3 HP 1/2 (3.800 francs, s'il vous plaît) ; à Satory, l'avion d'Ader décolle sur trois cents mètres. Le roi de la vitesse est le chemin de fer : il y a plus d'un demi-siècle qu'il a dépassé le 100 à l'heure. Il n'aura d'ailleurs guère changé en 1949, sinon par une vitesse accrue (la dernière locomotive électrique française a atteint les 175 km/h). Mais l'auto-mobile se résoudra en un pullulement de petites voitures qui feront, du cheval, un animal de zoo, et l'avion aura couvert le monde entier de ses ailes gigantesques. L'Atlantique quotidiennement traversé à 450 km/h. par les quarante-quatre passagers du •Constellation,, la masse formidable des • ailes volantes , de cent tonnes, propulsées à 800 km/h. par huit moteurs, les appareils • supersoniques • aux ailes en lame de rasoir capables de • gratter • à la course les ondes sonores, peut-être tous ces engins écrasants ne sont-ils destinés à vivre qu'au moyen de ce dernier-né de la science : le moteur â. Téaction, la turbine à gaz. L'humble fusée de nos soirs de 14 Juillet a fourni le principe des avions-fusées. Déjà le BeU X-1 américain a franchi le cap des 2.700 km/h., et les V-2 ont atteint des altitudes de 180 km. et des vitesses de 3.000 km/h. Pends-toi, brave Jules Verne! Des ingénieurs précis, qui manient plus volontiers la règle à calcul que l'utopie, dressent les plans des fusées interplanétaires de demain, qui feront la navette Terre-Lune ·en q\,l.elques heures. Et des stratèges voient déjà pleuvoir la mort, du haut de satellites artificiels gravitant à 30.000 kilomètres de la Terre et chargés d'explosif atomique... LA COURSE A L'ENERGIE Un jour - il y a de cela soixante-sept ans - le jeune ingénieur français Marcel Deprez se rendit en Allemagne, dans la petite bourgade de Mielsbach, pour réaliser une expérience devant laquelle ses compatriotes avaient haussé les épaules. Il installa, sous une chute d'eau, une turbine et u:-:.e dynamo, puis brancha. celle-ci sur le fil du télégraphe. Des journalistes regardaient, sarcastiques. - Que voulez-vous faire, avec votre télégraphe ? - Faire tourner une pompe à 57 kilomètres, répondit Deprez. On s'esclaffa. - Vraiment, l'administration est bonne fille de se prêter à pareille fantaisie ! Mais le miracle s'accomplit. La pompe, mue par l'électricité captée 57 kilomètres plus loin, se mit à tourner. La houille blanche A.LBERT El!WSTEl!W f,e plus qrand génie que la terre (lil comm depvis Newton trmJaille dans lia petite uwi.san de Priw;eton ( Etats-Uni.!). Il a lancé le monde dans '\me révolution dont 1wu_. ne vivons que le premier épi11ode. A vingt-trois ans, il expliq11e le mouvement des molécules; à vi,igt-cinq, il découvre le • phot1m > (couséquences: cellule photo-électrique. filin sonore, télévi-8ion, microscope électronique); à v-ingt--si:r, il crée la Rcla-- tivité restreinte, prouvmll que l'énergie est pi'Srrnte et que la matière peut se dù1siper- en énergie ( conséquence : toute l« physique d'ou;ou.rd'hui et de demoi11. l'énergie et la bombe atomiques) ; à trente•six, il dre.<se la. Relativité géné• mlitte, unissant l'i11finùnent p!'lit de l'atome et l'infinùnent {!Tand de l'étoile en mie synthèse bouleversaiite. Cet homme, devant qui les plus {!TOruis .<ova11'8 du nwnde sont des écoliers, jQ,JJ,e du Mozart sur son violon et aide .•a 7,dite i-.oi.<i;ne à faire _.e8 problème_. était née. Aujourd'hui, le moteur gouverne le monde. , L'énergie totale produite aux Etats•Unis procure à chaque citoyen de ce pays 15.000 kilowatts-heure par an, soit l'équivalent de 84 esclaves travaillant sans arrêt. Le Français, plus modeste, se contente de 15 esclaves. En 1900, tous nos esclaves s'alimentaient au charbon. En 1949, dix se nourrissent de houille, trois de pétrole et deux de houille blanche. Mais les houillères se vident et les puits de pétrole s'épuisent, alors que l'énergie hydraulique est intarissable. Aujourd'hui, Génissiat débite un milliard et demi de kilowatts-heure chaque année. Demain, J'usine à marée projetée au Mont SaintMichel en fournira treize milliards, en manœuvrant une masse d'eau égale à 25 lois le débit du Mississipi... Puis entreront en jeu l'énergie du vent, des vagues, du soleil, des volcans... Piètre énergie, d'ailleurs, en face de celle qui monte à l'horizon... LES GRANDS SECRETS Je vous présente un petit vieillard de soixante-dix ans, aux yeux de bon chien et aux cheveux en auréole, qui se repose en fumant sa pipe ou en jouant du Bach ou du Mot..lrt sur son violon. li s'appelle Einstein, et c'est probablement le plus grand génie que le monde ait connu. Une bonne partie de son œuvre tient dans cette formule minuscule: E = mc2. Dans ces quatre signes sont condensées toute la physique moderne, la bombe de Hiroshima et la civilisation .• atomique , de l'avenir. E = m c 2, cela signifie que la matière n'est que de l'énergie congelée, et l'énergie, de la matière qui s'évanouit. Si nous pouvions dématérialiser cet Album d11 Figaro, nous en retirerions environ 15 milliards de kilowatts-heure - la moitié de notre production électrique - et, inversement, toute la lumière que le soleil nous envoie en un an représente une masse de 60.000 tonnes. A côté d'Einstein, une pléiade de savants ont coopéré à la révolution atomique : Becquerel, qui découvrit la radio-activité, les Curie qui isolèrent les corps radioactifs, Planck et Bohr, qui dévoilèrent la constitution de l'atome, Rutherford, qui opéra la première transmutation d'un corps en un autre, Louis de Broglie, qui sonda Je noyau atomique et donna le principe du microscope électTonique grossissant 100.000 !ois, les Joliot-Curie, qui trouvèrent la Tadio-activité artificielle, Hahn, qui observa la 4 fission » de !'uranium, Fermi, qui construisit la première pile atomique. Grâce à tous ceux-là. l'humanité a dérobé à la nature une parcelle de ses plus profonds secrets - celui, par exemple, de l'énergie qui fait chauffer le soleil et briller les étoiles. C'est avec cette énergie, avec un petit soleil créé de main d'homme que nous animerons demain nos machines et nos robots... si nous avons la sagesse d'opter LE HASARD FAIT SOV J?E NT BIEN LES CHOSES•.• LE VERRE INCASSABLE. t.·,i Jf}().1 un ~av?11t hoUandaii., Bùrédictws, /.ais.sa choir uu Jlacon qui avait c~ute,;u tme -10/utwn de nitrate de cellulose. Evaporée, cette 8olu.tùm 3'était deposee le long des poro!/1 de ,,erre 80tt8 }orme de calladion. l,ei< morceaux de verre bri8é restèreut collù les 1111.s aux autr88. Di~ ~miées pl'f&_ tard. leF ac1;îdei,ù d'autamobile dw1 aux bri., ile olace M? multiplm,it. Bened1ct11_. u .•oumnt d11 Jameu:r bocnl. l,e verre Tripler était né. LE RADAR. C'est Cf! eflectua11t de~ ·mesure_. d'appareils d'émi.sffÙJI!~ à onde~ courte& à bvrd d'avwns q_u'o11 ve,.ait d'équiper, que M. _He11ri de France con;;tata de~ variation.• régulière& don& ces wi~smes. Réfléchissant à le11r cofocide11ce avec le parcoure de l'avioii qui tov.rrnut au-dessus du terrain, cet éminent foyénieur constata_ qv.e l_es . han(lar~ métalliques perturbaient le lrojet dee o,ide;i émises /J?r l'?v1011. :hm-1, pour lo première Joi.s, pi,t-on con&toter u11 7Jhénomène de reflenon d~s orrdes courll's par le& objets -métaltiques. Un_ pren11er brevet en prévisii:m de l'utili.!ation de ce phénomène à /.a détection d'obJc!-3 él?ignés fut d,évos~ po:r M. Hemi, _de Frmice eu /9.,4: il exp/iqtwit le phenome,te de "' detect1ou électromor,,ietique >. Dr ce brevet devait sortir le radar LE TISSU 6PONGE. Da_n8, 1111 alelirr de ti.<soge, e1t Angleterre, ~ne machin_e qui s'étoit dérér,lée se_ mit? boucler so,i_(il de joço1_1 anomwle; A~ lieu de la faire sto7,per, l'illdu.striel lmssa s ach~ver la piece. Il avait remorque des les premiers point.< que fépaùsseur du cotou amsi obtenue O!•Qmeutait de /a(:Ofl ca11sidérobll!' 10,, 7iouvoir ab.•orbant li l'appela ti.<tu épo11oe. LA RA.DIOA.CTIJ'ITI!.. Po1u1!rt~~e ~ti~r d;o;;•~~: 1 :~ti!~ura~i~~~:~~;'ij,,~~c;~: 11 1e;m~~ert:i~é~ e;~ te docteur llou<lm, ".H physic1e11 françai.!_. H euri Becquerel, chercha parmi de multiple~. corps chimrques s'il n'en exi..toit pas qui seraient co/J(lbles d'émettre eux !IU881 des radiations pé11étrantu. ~'est la phosphorescence qui, par erreur. fi-rait l'attentimi du 80uont. Ce phénon'.e,ie e8t :wrm?lement exci~é-par les rodiatimis sol.aires. /i,'s8oyont un cristal dun sel, d_uranmm. le phys1cte1t voufut un jour l'eTpoSer au soleil: maùi le ~:~:/ue~~itd'~~."~!;;e/~ 1:i~: 1r1: 11 /~; 8 tl~ir~ri8tal et la plaque 1>hotoaraphique. A.u bout de p/WJ~eurs eemaiues, le temf)8 éta11t l.oujour,s couvert, Henri Bec91ierel _es$aya - a tout hW<ard_- la pl\:iqu._e. Il eut la IW.rprise de voir qu'elle avmt été impres"ionnée par le cn,ita/ d'11ra11nm,. C'était e-11 JS/J6. [.,es C~ri~ er,· déduisirent qu'un mineroi était copable d'émettre .spontm<éme,it des ra~1at1011s. [>ar une série de raffiuayes chimiques, Marie Curie obtint fr, r~ium, dem1er-&ta4e d'.w1e ~hie d'érrormes travai.u qui firent naître /.a C(IIWOl88anc_e d'ww 1rwt1_ère metable et prête à libérer son éner(lie. Le f! décembre 1898 Pierre "t Mane C'uri" onnonçaie11t • /,,. radfom ,>kt dPcout'ert. > pèiur la paix. Car, l'énergie atomique, ce peut être aussi la destruction totale. Les bombes employées à Nagasaki et à Bikini r.'équivalaient guère qu'à 20.000 tonnes de tolite, mais celle d'Eniwetok équivaut, parait-il, à 40.000 tonnes, ce qui ne représente encore que 2 % de l'énergie disponible dans l'engin. Peut-être la bombe de demain atteindra-t-elle les 100 % ... et peut-être celle d'après-demain mettra-t-elle en jeu, non plus la simple fission des atomes, mais leur dématérialisation complète, ce qul représentera environ 2 mîlliards de tonnes de tolite.. Mais faisons plutôt confiance aux hommes de bonne volonté, et regardons la science ouvrir devant nous le livre de l'avenir. UN COUP D'OEIL SUR L'AVEN.IR Les microbes ont été vaincus ! Resté maitre du champ de bataille grâce aux nouveaux antibiotiques, le chirurgien peut entreprendre ces invraisemblables gageures : greffer un cœur ou remplacer un cerveau. li y a des banques de cerveaux, dans lesquelles on peut choisir un de ces organes après essai à l'encéphalographe.
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