Album du Figaro, N° 21, hiver 1949

S6 li" IIHIO K. 1:. llllrn M rs David K. E. Bruce est si Parisienne d'allure, le français qu'elle parle est si charmant qu'on imagine mal qu'avant 1948 elle n'avait jamais séjourné vraiment ici. li y a un an et demi, son mari nommé à la tétc de la mission du plan Marshall, elle s'installait dans un appartement rive gauche, trop petit pour avoir avec elle ses enfants. Aujourd'hui que Mr. Bruce représente les Etats-Unis, elle habite la résidence de l' Ambassade, avenue d'Iéna. Ses enfants sont auprès d'elle, Alexandra qui va sur ses quatre ans et David, deux ans. Grande, longue et mince, son teint clair et son charme placide sont anglais (c'est la nationalité de sa mère, aujourd'hui Mrs Dodds, femme de l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Lima). Comme fille d'un diplomate américain son enfance s'est passée dans toutes les capitales du monde. Elle aime tout de Paris et d'abord ses robes. Elle a vu toutes les collections et les admire. La mode d'aujourd'hui lui plait, la ligne étroite lui va. Quels sont les modèles qu'elle choisirait pour les tenues indispensables d'une élégante ? - J'adore Je tailleur pour le matin. A Paris, je l)Ourrai aussi sortir en robe-manteau, Porter c Etole > de Piguet. Ce serait impossible à New-York, il y fait bien trop froid. Elle a choisi chez Jacques Fath une robe noire avec un grand pan d'écossais. Parmi ses autres robes, l'une, pour les cocktails, vient de chez Jean Dessès. Elle est en moire noire et lamé et Cuse d'un côté en ligne c cert" volant ,. Mrs Bruce trouve qu'il faut l'ire grande pour se permettre de bien porter ces mouvements asymétriques - elle est très grande. Les robes du soir c.:iurtes? c Elles sont charmantes. Mais les robes longues sont mieux appropriées aux grandes réceptions officielles ,. Elle accompagne ces robes de coirtures du soir. Il n'y a qu'à Paris qu'on sait les faire - et les Porter - légères, hardies, avec une plume, un je ne sais quoi. Ses chapeaux !)Our le jour sont de chez Paulette, Dior, Fath. Les Parisiennes sortent beaucoup tête nue. c A New-York, c'est iml)Ossible, toujours à cause du climat. lei, j'ai plaisir à faire comme elles, le matin tôt, !)Our me promener avec les chiens ou !)Our aller chez le coiffeur. , L'ambassadrice change souvent de coiffure. Elle vient de se faire couper lC:ll cheveux, mais pas à la garçonne. - Trop <;0urt, c'est laid. Trop long, laid aussi. Comment a-t-on pu l)Orter les cheveux sur les épaules? J'espère qu"on ne reverra pas les chignons, je les déteste. Pour sortir le matin, Mrs Bruce prend avec elle un bon sac de box noir, d'un modèle classique, qui • va avec tout >. Avec ses robes habillées elle s'est fait faire rlcs sacs assortis, dP lignes simples. Ils viennent de chez Viol<'tte Cornille. Ses gants sont également assortis à ses toilettes par Mme Anglade, qui vient prendre commande à domicile. Si ses gants sont français, ses chaus;;ures sont encore américaines. Elles les choisit confortables et fi hauts talons. Bas américains également. Par contre, !)OUI' les bijoux de Cantaisie, Pari!< e!<t inimitable. Parmi les bijoux vrais qu'elle aime porter, une grosse abeille en perles et saphir. C'est un vieux bijou de famîlle, tout comme ce bracelet or et rubis terminé par deux glands frangés de perles fine!<. Peu d'autres accessoires. Quelques grandes écharpes, un fichu de Chantilly noir pour le soir. Une étole de zibeline> russe qui vient de sa grand'mére. Après l'avoir dédaignée pendant des années, elle va la porter cet hiver. Aucun régime. Elle essaie simplement de manger peu, ce qui est difficile, c la cuisine est si bonne en France! ,. Elle ne fréquente aucun institut de beauté. Elle suit les conseils de Lazlo, un Hongrois installé aujourd'hui aux Etats-Unis: se laver le visage avec de l'eau et du sav1.m très gras. t:nsuite, crème et Poudre. Pas d'autre maquillage. Comme parfums: Visa et Dingo, qui viennent de chez Piguet. LES SECl\ETS o~J Lt~un ~LÉG!NCE pour ,.,,.r l!.l l!. ganc:e et ler•r per111annalltl!., c:..: q••'elle • ,,e n,.a l..:nl •le la ,na•le. A••x ce.,, q1•e,.11on• qu'..:lle• no••• ,,.,, per,nl• ,,., , .,.. r po111er, ..:tt..:111 ont rl!.pon,tu en nou111 lluranl .,, l eur• opinion• ..:I leur• go1lt111 ..:t l eur• 111..:c r ..:I • • li" li EXR 1 {! ne des plus jolies femmes de Paris, dit-on de Mme Dewavrin. Le Poids d'un tel compliment ne fait pas ployer ses belles épaules, elle s'en moque avec beauco~p d'esprit. Trés blonde, très jeune, tres grande (l m. 74)) elle est fière de ses deux enfants, Carole, trois ans, HenrîOlivier, un an et demi. Elle habite un appartemen1 moderne, deux étages sur l'avenue Foch. Une grande Sl)Ortive: cheval, natation, et ski - sa tenue de ski est une pratique combinaison d'une seule pièce, en go.bardine, de chez Belinkof. Elle vit presque toute la journée en chandail (de Perlène ou Donna Carlotta). Elle en a des dizaines, de tous les tons. Ses couleurs préférées sont le vert, Je jaune et surtout le mauvc-. Elle a déjà fait son choix dans les collections. Pour clic, les trois numéros indispensables sont d'abord une robe de Jacques Heîm toute simple, lainage noir, c:ol et poignets rayés vert et rose, l)Ouvant se Porter du matin au petîl diner inclus • puis une robe de cocktail de mousselin~ noire, très décolletée, de Heim également. Enfin une robe du soir de Fath. Il n'y a pas longtemps Martine Dewavrin portait les cheveux libres et longs, descendant plus bas que l'épaule. Elle les a fait couper plus courls (par George!). - Mes cheveux aiment l'air, supl)Ortcnt li'" H IOrt:l,lîF. nt:1,rnAr. U n salon blanc au pied de la •four Eiffel, un grand Dufy ensoleillé, un petit Bonnard, des dessins de Maillol... Jacqueline Delubac, vive, précise, gaie, vient de finir un film policier, Crimes à vendre, et se prépare à partir pour New-York où elle travaillera pour la télévision. Pour elle quatre tenues sont, au minimum, nécessaires. Parmi les modèles créés à son intention par Paquin: un ensemble du matin, fourreau noir et veste d'astrakan. Un taille'Jr d'après-midi en faille noire. Chaque année elle a le même ou presque, mais dans la ligne du jour. Car Jacqueline Delubac aime toujours la dernière mode, c parce que, dit-elle, la mode est toujours joiie. > Bien entendu, elle n'en prend que ce qui lui va, par exemple elle n'apprécie guère l'asymétrie. Mais la jupe courte du soir l'a séduite. Son troisième modèle est justement une robe court~ de tafretas vert, avec un pan plongeant. Taffetas, faille, elle sait apprécier les beaux tissus, n'oubliant pas qu'elle appartient à une Camille de soyeux lyonnais. Un de ses grands oncles, Antoine Delubac, est, avec Chardonnet, l'inventeur de la soie artificielle. Quatrième modèle : une grande robe du soir étroite et longue de velours saphir. Elle a la rassion des fins souliers et s'en commande partout où ellC! se promène. En voici de Rio, de Buenos-Ayres, de Florence (du fameux Ferragamo) de Madrid d'après un tableau de Goya (~u centre d; la photo), el aussi de Paris (Perugia). Elle Préfère à tous autres les bas très fins de vraie soie, raffinement qui devient rare. Q~and elle Porte des nylons, il faut qu'ils soient transparents jusqu'aux orteils. Ses sacs de Sl)Ort : Hermès. Habîllés : Wagner. Dans une vaste pochette de daim à fermoir écaille elle accumule une quantité d'ôbjets pr('cieux: l)OUdl'ier, fumecigarette, briquet, tube à rouge (tous en or et de chez Cartier). Son bloc-note est un carnet de bal romantique, en écaille, sa boîte à fard un drageoir ancien, écaille et or, acheté à Venise. Le peigne, elle l'a rapporté de Naples. Son sac du soir: une bourse d'autrefois en mailles d'or. Tous ses gants sont longs et unis, jamais noirs, presque toujours beiges, marron ou blancs. Peu d'écharpes, un foulard de couleur vive. Elle aime beaucoup le vert cru. Ses autres tons préférés: le noir, le gris, le blanc. c Le rouge ne lui va pas ,. Ne la quittent pas: deux bagues d'or, ornëes, à la main droite, de rubis, à la gauche, de saphirs, et un bijou Porte-bonheur, Zoi, petite abeille de diamants, d'époque 1830. Le soir, jamais de perles, mais des diamants, clip. bracelets et longues boucles d'oreille. Au cou deux poires d'émeraude de Boucheron. Toujoui:s des chapeaux - même Je soir - et toujours de Reboux, cette annëe, ornés de plumes. Une toute petite toque de faisan multicolore accompagne Je four1eau noir. Ses cheveux sont coupés (par Antonio) assez courts. Maquillage sobre. Pas de rimmel pour souligner ses yeux pers qui changent avec le temps et so;1 humeur (ils sont verts quand tout va bien), tout juste un peu de vaseline sur les paupières. Crèmes et poudres de Dornthy Gray. Ne suivant aucun régime, mangeant modérément, ne buvant pas, elle est fière d'avoir gardé immuablement le même Poids (52 kilos) depuis vingt ans. Equilibre, Pondération. Le seul reproche qu'elle se permette - et de bonne humeur: c Pourquoi donc les parfums d'aujourd'hui ne tiennent-ils pas ? > Celui qu'elle préfère cependant est le c 5 , de Chanel D11\HîR I X mal un chapeau. Je leur donne de 300 à 400 coups de brosse par jour. Pourtant elle s·est fait faire trois chapeaux chez Reboux: deux toques ornées de paradis, un minuscule casque de grèbes. Ses souliers, très découverts, viennent d'Angleterre, ses bas en c: cristal > assez Concé, d'Amérique. Ses gants, de France bien entendu : Hermès et Alwinn - assortis aux robes, pied de !)Oule, écossais, etc. Comme sacs, rien que des l)OChcttes. • Je connais une femme qui en fait de merveilleux. Elle travaille aussi pour la Begum. > Mme Dewavrin a un faible !)Our les cols et les parements blancs. Comme autres accessoire,;. une écharpe de Fath à grandes rayures. Et des bijoux d'or, colliers montants et boucles d'oreille. Ses préférés: des anneaux et un collier de Van C\ee[ et Arpels. Pour le soir quatre ou cinq rangs de perles. Culture physique: ballon et massage deux fois par semaine. Aucun régime, mais elle ne boit jamais rien pendant les repas. Comme produits de beauté : diftérentes crèmes d'Héléna Rubinstein (crème Valaze, crème au nénuphar). Exceptionnellement le masque Velva d'Elizabeth Arden. Son rouge à joues (sec), ses fards, sont d'Héléna Rubinstein ; son rouge à lèvres de Carven. Parfum: la Rose, de Rochas. 87

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