\ :.1 . \, 1 1 \ t~Y \ ' ·--. \ ,~ .. 1 - . \1 il ·· •• • l If/ \ \,t11 .~r 11J .. ~" ~ ~t"\\~1~,:-_1y~/' -----:: "· ,, '. ,\ ( C/f ;J ""· ' -"1 '1\"l ~- t\l il \1\ , - /~~-~) .: • :_ - ',J ?·~ / 1 ' "" 1~ par Thierry !IA~L~IEII Gest entendu. La bombe H est pour demain. Les hommes les plus savants du monde nous l'ont promise, et ces promesses là sont toujours tenues. La bombe H n'est d'ailleurs qu'une petite partie de l'arsenal de la prochaine guerre et cette guerre, les augures nous le disent, est inévitable; et ce sera la fin du monde. Je reconnais que ces perspectives ne sont pas agréables. Mais j'en viens à me demander si un certain nombre de nos contemporains ne les considèrent pas avec un peu trop de complaisance. La grande peur de l'an Deux Mille ressemble à la grande peur de l'an Mille, et il pourrait bien se faire qu'il advint d'elle ce qu'il est advenu de celle qui l'a précédée, c'est-à-dire qu'on en parlât encore dans mille ans. Les choses pourraient aller mieux? Elles pourraient aussi aller plus mal. Rien ne permet d'affirmer, ni qu'un nouveau désastre soit inéluctable, ni même que l'humanité, à supposer qu'il survienne, soit incapable de lui survivre. Méfions-nous d'un certain prophétisme qui est le prophétisme de la catastrophe. Les grandes menaces de l'histoire terrorisent les hommes, mais elles exercent aussi sur eux une sorte de fascination. Quand la terre est passée sans dommage auprès de la comète dont le choc devait la détruire, il se mêle au soulagement universel on ne sait quelle vague déception. Il y aurait sans doute moins de grands malheurs à fondre sur les hommes, si quelque chose dans les hommes ne souhaitait pas le malheur. D'autre part, les guerres, les révolutions, les mélanges détonants que les savants mijotent pour nous dans leurs cuisines, constituent autant de bons prétextes pour tous ceux et toutes celles que la tâche quotidienne ennuie. Les malheurs du monde fournissent la diversion rêvée, l'excuse la plus facile à la paresse, aux défaillances de la volonté ou de la conscience professionnelle. Les événements à venir ne doivent pas plus que ceux du passé fournir cette sorte de justification à un « A quoi bon» universel. Il peut être tentant, pour le mauvais laboureur qui laisse sa terre en friche, de se persuader que la saison sera mauvaise; pour la femme qui laisse moisir les papiers de son appartement de croire qu'une pluie de bombes est prête à tomber sur la ville, et pour le candidat malheureux au baccalauréat de se réfugier dans le nihilisme des philosophies à la mode. Mais ces tentations sont dangereuses. Elles sont des formes de l'esprit d'abdication.Il y aà notre époque beaucoup d'encouragements au découragement. fi faut savoir leur résister. 6j
RkJQdWJsaXNoZXIy ODcwNTE=