L 't\ G Ol SS l X T ]l l ST È UE DE L' Il EUEDIT É I.J'hérédîté est une force mystérieuse comme la fatalité antique, et qui se manifeste d'abord sous des dehors aimables. De tendres ~~a~~éa~;r:J:~~t :~sJri:tfo~ui!::u:~: ;;_le .~u~~ tard des mots an.alogucs nurqutTOnt les premiers sourires, let prcmièru larmes, Inc prrmièrcs nunifcstatîoru de l'intelligence ou les pranib'ts dKicirnca de la santé: Futilité? Non, puisque ces mots portrnt en eu,; le tbnoign.agc d'un problttnc qui toujours nous tourmente. Et puis c'est en sc prnchant sur un berceau que b rn.tman et le mtdecin ont scellé l'heureuse alliance de l'optimisme et du uvoir sans laquelle l'énigme re:stmit indéchiffrable. Mtdccins ou savants voicnt dans l'hérédité la mtssagèrc du meilleur ou du pire, la puissance qui s'impose dh l'instant de la conception et qui gn.ndit iouorablcmcat. Ils ont besoin d'être soutrnus dans leurs recherches parfois amères. El la femme, ponel.lSC d'espoir, leur communique sa conviction instinctive qu'on peut se concilier lu miracles de l'hbidité en y mettant 1oute sa volooti et toute sa foi. Pour un co:ur rm:ttrnd. il n'est pas de fata.lit(. - Mon n1fant porte la tare d'un aicul oubli(, c'est possible 1 Mais 11 est si tendre encore, si courageux ... Il promet bcaucuup... J e lutterai, je l'aiderai ... Tout peut s'arranger... li sera un ho~me fort, intelligent comme son père... Il a son ;t~! t 1t:~it(~J:t:~l~~ at:~~~~rt~c :!fe,!:ea:~: s'~t avanc& à la barre, une femme de cœur, un «:ri.vain .)(nsiblc qui signait Pampille. Son rm:ri (et cousin) Uon Daudet, m6iccîn et polémiste à la curiosité univrrsdle, al!irrm:it, en fils d'un grand romancier qui fut aussi un grand m;.Jade.. que le JOi peut triompher du moi htrb:l.itairc, qu'on pcm fam· reculer les maux Ugu~s par les a.sccndanu. li publiait .ses espoirs, ses hypothèses pour cncoung~ l'individu dans son combat contre les tares de l'espèce. Et voici que la juuicc cherchait. à élucider la fin tngique du fils ni de cc mariage con.ungum, de l'adolescent fusueur dont la personnalitt n'avait pas encore eu le temps de s'affirmer dans une tetlc lune. La mhe alors, en deux phrases poignantes, tvoqua l'abri fragile du couple itcrocl, la petite hutte (cc o'fuü pas encore le titre d'un .succès du ·boulevard) qui protège la famille à .ses Mbuts, les alarmes malgr( tout chargttS d'espérance de !'Eve maternelle qui .sent, qui sait que son enfant triomphera du rm:1, de la menace hér«l.itairc. Cc n'est pas seulement la mfrect le mtdecin qui.se rencontrent devant l'énigme, c'est aussi le p&tc tpris d'un thème exaltant et le biologiste nourri Je certitudes souvent réconfortantes. Aussi n'est-il pas étonnant que le mysifrc de l'hfr&litt ait inspiré successivement Edmond Rostand dans l'Aitlon et son fils Jtan dans m travaux: Jean Rostand dont la filiation s'affirme dès l'abord par une émouvante ressemblance physique - à die seule une rtponsc de premier jet. D .,-EAl.lW llOllT~D IWOUS DIT..• ans sa rctn.ite de Ville-d'Avray, calfeutrée contre les CJ:Ubéranccs de la vie par les herbes en touffes, les arbustCS ichcvclés et une grille qui s'ouvre avec peine, le savant écoute le monde silencieux. que nous avons tnvcrsé avant de naitre. Vingtquatre mille ttwds de grenouilles sont aujourd'hui ses auxiliaires. Cc soot eux qui l'aident inconsciemment à porter sa recherche ,_au premier plan de la dkouvcnc biologique, gricc à eux qu 1\ est devenu le rm:ltrc incontesté des sciences qui se pr(OCCUpcnt de la reproduction, de celles qui cherchent à «ablir les lois de l'hfrédité. Avec l'expression de souriante bont( et la patience unie qui caractm5Cnt son personnage, tvitant par gentillesse la locutions trop savantes, il nous expose le problème en tmncs pr«-is: "Il faut dcuJ: cellules, chargtts du patrimoine httéditairc, pour constituer l'œuf, point dt dq>an du nouvel individu. Ces dcuJ: gcnnes - un de chaque parent - pr6cntent une extraordinaire complexité de structure : ne doivent-ils pas renfermer tout cc par quoi l'enfant ressemblera aux siens, non .seulement dans ses caractb-cs d'espr« ou de race, mais encore dans certains de ses can.ctèrcs individuels ou familiauJ:. "Si fonc et prtcisc que soit cette détmnination du germe, l'ceuf toutefois, ne contient pas en miniature l'être qu'il est appelé à produire. Le plus perfectionné da microscopes n'y .s;iurait rien découvrir qui (voqu!t les organes ou les aspects de cet hrc futur. Celui-ci ne préexiste qu'à l'état virtuel - et la manière dont cc potentiel germinal se trouvcn en fin de compte rb.lis.é dans l'enfant Mpcnd du milieu dans lequel il se développera. " Ainsi la dtlcrminatioo germinale se double d'une détermination circonstancielle: hérédité et milieu, nature et nourriture comme disent les Anglais." La Anglais auxquels Jean Rostand emprunte ces termes expressifs .sont pr«:isbncnt de gn.nds connaisseurs de la nature. Et s'ils ont fait souvent progresser la biologie, c'est parce que dans leur c:tudc de la nature ils englobent lrs espèces animales à qui l'hum.ailitt prut emprunter - ils le no1rnt fmncmcnt - bien des exemples et des l~ns. Ils citent parfois cette .surprenante dictée de l'instinct htrb:l.itairc qui dirige le vol des oiseaux de mer sur l'emplacement d'un ilot des Shetlaod englouti depuis des génfrations: là où étaient la grève et les rochers disparus, les mouettes décrivcot des cercles de plus en plus ttroits et piquent 6nalemcnt dans les flots comme si l'ile hantée naguhc par leur race s'(levait toujours au-dessus des vagues. Les mouettes mortes animent encore la ailes des mouettes vivantes. Un voyageur nous confiait cc fait singulier qu'il observa au B~il. il y a dcux_ans. Les coqs chantaient, dans le voisinage, à dix heures du soir. Il en fit la remarque à ses hôtes. On lui l"tpondit - sans étonnement car oo savait fa chose depuis des siècles et on ne s'en émerveillait plus: - Cc sont des coqs d'Europe, ou plutôt qui descendent d'une race d_c ~s d'Europe impDrtl! dans les premiers temps de la colom.s;iuon. Ils chantent toujours à l'hrurc oll point l'aurore dans le pays des premiers rcprâcntants de leur n.cc. Le soleil depuis longtemps couché sous cc méridu:n d',\mérique latine jaillit en cet instant précis sous leur mfridicn urigincl. L'auteur de Cha11tecltr (hymne et \.lriatio11 sur l'hfrédittl aun.it aimé ces coqs brésiliens lidèlc1 à leur viollc terre. Il l.E~ E-'ll'A...."TS DU BIF.:W-A.IMI'.: 'autres voyageurs - en chambre aux-là et qui explorent le passé - nous nmèncnt à l'tt:rc humain. Les historiens interrogent en effet le milieu et l'htrédit( pour résoudre le p~blèmc du gnnd homme. Ils ont remarqué en étudiant la vie da bàtards de Louis XV (quclqua douz.aines) et de Napoléon(pràdctrcnte)quc tous ces enfants naturels offraient une parfaite rcsscm.blancc physique av~ le monarque dont ils descendaient. Mais au moral il en va autrement. Avant la Révolution, le milieu ;ivait façonné de la mime manière la progéniture illtgitime du Bicn-Aim(, élevée dans les parages de la C.Our et qui prtscntait les mânes penchants qu'il s'agisse de t'abbt Le Duc, du comte de Luc, ou d~ comédien-auteur Dorvigny; seuls ont pu sëa.rtcr ensuite de la norme _ces "oncles" comme Bourbon-Créquy, qui SC propo.s;i vamcmcot pour être gouverneur de Louis XVII au Temple en promettant d'en faire "un bon républicain" et le général Bcaufranchet, lequel revendiquait l'initiative d'avoir ordonnt le "roulement de tambour de Santerre" qui couvrit la voiJ: de Louis XVI sur l'&:hafaud. A~ contraire l'éternel errant que fut l'empereur laissa derrière lui une posll:ritt aux dispositions hétfroclites. Tandis que la fille de son premier amour (peu connu) avec sa cousine Pétrooilla, confinée dans l'ile natale, ne s'éleva pas plus que .u mhe au-dessus du niveau d'une sollicitel.lSC dont la famille a réussi "sur le continent", deux autres de cts enfants de l'amour se manifestèrent fort diff6-cmment sous le ligne de ~apcléon _III (qui, lui, était plus Beauharnais que Bonaparte, dou le di.aloguc fameux avec sc..n cousin: "Vous n'avct. rien d~ Napol~n. -Si fait: la famille".) Le comte W alc-,,sky à d~~• Polooau montra des dons éclataou de diplomate et de ~l1~ique curop&n, au lieu que le comte Uon, de qui !'Aigle s ~lt davantage soucié et qui était fils d'une demoiselle d honneur, .se compDrta comme une sonc d'intendant des p!aisir_s parisiens et fut tout au plus un personoage d'Offenbach. 0~ t1rcn de cts exemples la conclusion que si le milieu agit sur le caracùre, au physique l'hb-&lité fait tout. • LiME!IOX DES ROIS D'ESP.IGXi A TROIS SIÈtLES C l,AI. KES._"iEMBl.AI.NCE IET t.E !lll,4.111,'G 'est l'hérédité, insine ici Jean Romod, qui est tout pour la co~leur des yeux et des cheveux, pour la fonne des tniu du visage, pour une foule de can.cthes anatomiques vraiment déterminis dà l'instant de la conccp1ion. ",De même en _va+il pour le "groupe sanguin", caractère d.u~e utrfmc .importance en médecine puisqu'il permet d tvmr les accidents q~c pourrait entraîner le mélange des sangs lors d'une transfusion. "Strictement héréditaire et dé!cmiiné dans !'œuf est ua autre can.ctère du sang qu'on appdk le facteur Rhe.rus. li est responsable de certaines incompatibilités sanguines qui peuvent se manifester _avant la naissanct. Que la mhc soit de type Rhesu_s ntgauf et le père de t) pc Rhesus positif, il pou.rra advenu ~uc le .s;in,s: du futur 11ouveau-oé soit du mèmc type que ctlui du père ci, en cc ca;, un conflit .unguin se diclarc entre la mère~ l'enfant qu'cl~e porte, cooRit souvent fatal à cc dernier. S1 la biologie n~ pennct pas d'affirmer sur !'examen des san.ss que tel cnfam est le fils de tel homme, die permet 1outefoi,ç, en cas de p.;tnnit( douteuse, d'affirmer que tel enfant ne peut pas avoir tel homme pour père." A l'appui de cette dernière remarque de notre interlocuteur nous citerons un jugement réctn1 du 1riburta! de Toulon q~i va faire jurisprudence: "Attendu... que l'article 313 du c..,Jl civil permet au mari à qui la nais.uncc a (té cachée-de prop.:,)C'r tous les faits propres à justifier qu'il n'en pas le père dt l"f'nfaot qu'il désavoue, on ne .uunit lui refuser de proposer un contrôle biologique"... Les magistrats ordonacnt la recherche lk paternitt par l'examen des groupes saoguins et confient ce soin aux Ors Locard père et fils, du labon.toirc de police de Lyon . Pour rcpreodre à cet égard la conclulion du professeur Christ!a~~• s'il n'est pas scientifiquement f<i..qîble de conclure de la s1md1tude des groupes .unguins qur l'enfant est bien de tel père, _c'est simplement parce que les pim possibles peuvent appartenu au mànc groupe sanguin (il o·y a qu'un millier de ca groupes et Ùes millions de progéniteum; mais là .se borne le doute. D'où cette fonnule: - L'arfinna1ion de la patcrnitt est im~iblc; rcxdusion de la paternité, clic, est possible et formelle. 1:-a. ~~lit oc.s'en tient pas là. Ellcrcmctlîedéjà aux incompaub1ht~s sangumcs d~nt vient de oou., entretenir Jean Rostand. ~uu quelques mois, on .uuvc des enfants promis à la mortina~ncc, en leur transfusant toralcmcnt, daos un hôpital pansien, un sang de même type Rhesus que celui de la mère, à la place de leur .s;ing de type Rhtlut contn.irc. L Pit.LE OU GA.KÇO~ 7 c grand biologiste ripond encon: pour nos lecteurs à une question souvent débattue : oe Parmi les caractères purement hfréditaircs, on peut encore compter le sexe de l'enfant à naitre, irrévocablement déterminé dà l'union des germes, du fait qu'il existe, du côté du père, deux sortes de gcnncs, les uns producteurs de garçons, les autres Suite page 98.
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