Album du Figaro, N° 27, décembre 1950

114 L'ironie de ses propos et la profondeur d~ pcn~tc frap~ient lespctit5à l'égal des grand~s ~ J:u:~l~~r!l~~~ ::~~~~ ~:st~i~t -~~.~ 10ujours considéré l'école comme une pri >~ pourcnfant5. On m'y a enfenné une fois p,.,wquclqucs heures et je n'y ai rien appri ·•, DANS L'INTIMITÉ DE G. B. S. J'étais en route pour une mission confidcnticUc en Europe septentrionale quand, de pas.~a.gc à Londres, je reçus une invitation à diner à Clivcdcn, chC'L Lady Astor. Celle-ci, en me téléphonant avait ajouté que je pourrais dans la soirée, soit rentrer à Londres avec l'ambassadeur de Turquie, soit passer la nuit chez elle. J'optai pour cette dernière solution. Je quittai Clivcdcn le lendemain matin mais pour y retourner le soir même munie de films et de j/t1sbb11Jb.1, décidée à profiter de l'hospitalité de Lady Astor jusqu'à cc que j'aie terminé un document que je considère comme un des plus précieux de ma carrière: Bernard Shaw dans l'intimité. G. B. S. et sa femme se trouvaient être les hôtes de Clivcdcn. J'avaisdcvantmoi, en liberté, l'homme le plus recherché de tous les reporters du monde. Je m'aperçus d'ailleurs que le portrait qu'on en donnait depuis cinquante ans ne ressemblait pas du tout à la réalité. Celui que je croyais être un pcrsonnase féroce et cynique se laissait photographier de la meilleure grâce du monde pendant que j'opérais, aimablement assistée par le général Cunningham. Sc souvenant sans doute qu'il est lui aussi férn de photographie, G. B. S. continuait de bavarder comme si je n'étais pas là. Quand je dis" bavardage", c'est une façon de parler car la conversation de G. B. S. était une des plus étînalantes que j'aie jamais entendue et je connais peu de grands hommes qui soient capables comme lui d'émettre, dès le breakfast, des opinions aussi originales sur la paix, la guerre, la politique et l'humanité en général. Or, à l'époque où se situe mon séjour auprès de lui, il avait déjà quatre-vingt-six ans. Je l'ai vu alors entouré de célébrités du moment, écrivains, généraux ou membres du Parlement et, par ses propos, c'était toujours lui qui avait l'air d'être le plus jeune. Mais n'allc-L pas croire qu'il aimait, comme tant de vedettes mondiales, être le point de mire de l'assistance et accaparer la conversation. Pas du tout. li était extrêmement attentif aux propos des autres et à leurs opinions et, quand il avait une controverse, il faisait toujours semblant P,111 TII ÈII ÉSE noxm PHOTOS DE L'AUTEUR

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