Album du Figaro, N° 29, mai 1951

"4 LE MYSTRRE DE PARIS (Suite ile fa poye 6~) ntions féminines, tout comme nous visitons les Halles, les vieux hôtels du Marais, Montmartre ou le canal Saint - Martin. C'est un gaillard à tête de pélcrin d'Emmaüs, chargé de musettes, revêtu de trois redingotes, car il porte sans doute tout sur lui, et qui gesticule au milieu de ses ministre!- et courtisans, le soir, juste avant le balai, dans une station de métro qui change probablement chaque jour. Si certains de ses semblables, plus haut placés, beaucoup plus haut, fréquentent le Jock_ey, le cercle: de la Noblesse, les bridges de première classe ; si d'autres, plus renfermés ou plus poètes, se font admettre au Club des Solitairts ou à la Ligue pour la protection des oiseaux, lui, Empereur des Pauvres, à l'heure où les théâtres regorgent, où les terrasses gazouillent, où les familles se groupent, il s'enfonce avec les siens dans un Paris de François Colletet ou de Victor Hugo. de roueries mystérieuses, de souffrance5 sans doute, mais où s'insinue le même charme, où règne la même curiosité, où se devine la même fraternité. Volontiers, à notre exemple, cc parent pauvre de la Folle de Chaillot~ si parisienne, irait goûter sous l'avenue de l'Opéra les alcools de Corcellet, ou, rue du MontThabor, les vins de Danflou, faiseur de caves: volontiers il irait déjeuner au Grand V éfour, où souvent l'on aperçoit Colette, Simone, le professeur Mondor, des bandes de journalistes, ou chez Lucas dans le voisinage des fleurs de la Madeleine, là où les grands-ducs rencontraient les grandes jolies femmes, lesgrands acteurs et les grands ministres dans un frou-frou d'opéra comique, car il sait tout cela, comme nous, le roi des flâneurs, il ne perd rien de vue, il se retrouve dans Paris comme un garde-chasse dans une forêt, mais le nerf de la guerre lui manque, comme à tant de héros. Alors il remonte vers la Chaussée d'Antin, prend la rue Lafayette et s'en va contempler un instant les marchands de pierres précieuses qui jonglent avec des émeraudes, des diamants et des rubis. Ou bien il s'arrêtera rue de Douai, face aux studios de danses superposés, où les jeunes sujets des scènes subventionnées, des ballets et des music-halls viennent faire un petit stage pour entretenir leur souplesse. C'est du trottoir opposé à la féerie qu'il regardera s'envoler vers leurs parents ou vers leurs amis les filles tournoyantes et légères, comme les oiseaux de son propre rêve. Mais puisqu'il est de Paris, où le miracle quotidien est dans la rue, où la richesse se respire, pourquoi s'en priverait-il? Sans compter qu'il peut, au coin de la place des Vosges, à M·a Bourgogne, pour un prix d'ami, boire et manger debout, comme un roi. ANDRÉ BEUCLER. A la table d'bomuur: la Prùm.r.re A ga Khan et le prifet M. Hutùz. CA1\1~ES CAPITALE DES GALAS De même qu'à Deauville l'été, le" Gala des Étudiants" est un des moments culminants de la grande saison de Cannes. JI n'y a pas de fête plus élégante ni plus gaie parce qu'ici le luxe et le plaisir sont justifiés par le but qu'ils se proposent: ouvrir à des étudiants pauvres et méritants les portes de l'Université. Dans cc décor des Ambassadeurs dont François André a su faire un cadre inégalable, tous les hôtes de marque de la Côte d'Azur s'étaient donné rendez-vous cc soir-là. Les grands titres fusionnaient avec les grandes fortunes et la Beauté avec le Pouvoir. Pour être équitable, il faudrait citer tous les convives, décrire toutes les robes, rendre un hommage à chaque sourire. Puisqu'on ne peut s'en acquitter dans un cadre aussi étroit, le compte rendu le plus fidèle que l'on puisse faire de cette soirée est de dire qu'elle restera marquée d'un caillou blanc dans les annales de Cannes. En se quittant, on s'est donné rendez-vous à Deauville où le prochain gala aura lieu au mois d'août. Afm• Btsa11ço11 dt Wagntr el M. Jra11- Gabriel Domergue, de /'I,utitu/. KOO.-,CHROME PAR OENE PENN. Emba' Roy·af • Pastel Mtttation Mink Christian Dior 30, Avenue 1\lontaigne - Paris 1 1 ~

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