L’accessoire se fait parfois symbole et porte en lui une part d’histoire. Cette écharpe de Jeanne Lanvin apparaît ainsi comme un emblème de la libération de Paris. Les archives du musée Carnavalet, dont est issue une partie des collections du Palais Galliera, ont permis d’identifier la provenance de l’objet. Dans un courrier daté du 21 février 1945, François Boucher, conservateur du musée de l’Histoire de Paris, remercie la maison Lanvin d’avoir offert une écharpe « Liberté chérie » et un clip en perles tricolores, qui avaient été prêtés lors de l’exposition « Libération de Paris », du 11 novembre au 31 décembre 1944. Ces pièces illustraient la partie « mode et décoration », témoins, au côté des insignes, mouchoirs, articles de parure et bibelots divers, d’une production massive d’objets aux couleurs françaises et alliées, souvent réalisés en cachette en prévision de la libération de la capitale. La maison Lanvin avait également prêté, à cette occasion, un mannequin criblé de balles à travers la vitrine de la boutique, le 25 août 1944, en témoignage de la violence des combats. L’écharpe de Lanvin célèbre la liberté retrouvée, tant par ses couleurs patriotiques que par son iconographie prégnante. Pendant l’Occupation, la thématique de l’oiseau en cage, symbole de l’oppression, apparaît dans les créations emblématiques du joaillier Cartier, qui décline une série de broches. À la Libération, la cage s’ouvre et l’oiseau s’échappe, chez Cartier, mais aussi chez Van Cleef & Arpels ou Line Vautrin. Du bijou, le sujet gagne d’autres accessoires, comme l’écharpe imaginée par Jeanne Lanvin.
- Auteur(s): Jeanne Lanvin
- Dates: 1944
- Mode d'acquisition : Satin de soie ivoire peint à la gouache Signature « K. Boissy-d’Anglas »
- Matériaux et techniques : Don de Jeanne Lanvin
- 1945.3.1