Après des études de graphisme et d’arts plastiques, Hélène Majera entame une carrière d’illustratrice de mode en freelance, au début des années 1970, par une collaboration durable avec le magazine « Dépêche Mode » alors entièrement illustré. Sa passion pour le glamour du cinéma hollywoodien et de ses héroïnes fatales y apparaît déjà. Parallèlement, elle réalise des affiches publicitaires.
Sa première affiche réalisée pour les grands magasins du Printemps « Trois parisiennes bleu-blanc-rouge », en 1977, reçoit le grand prix de l’affiche française. Un an plus tard, elle se voit décerner le grand prix de l’affiche Art Director Club of Tokyo pour la première commande du grand magasin de luxe de Tokyo : New Melsa ; cette collaboration durera 8 ans, jusqu’en 1986. En 1983, le grand prix de l’affiche Japan Railways lui est décerné et, en 1984, elle reçoit à nouveau le Grand prix de l’affiche française. Elle crée également l’identité visuelle des grands magasins Mandel, en Allemagne et Jelmoli à Lyon durant les années 1980.
Parailleurs, elle collabore avec les magazines : Graphis Design, Harper’s Bazaar Italy, La Mode en Peinture, Le journal du textile… et pour des annonceurs tels : Champagne Pommery, Air France, Parfums Rochas, Christian Dior Couture…
A partir de 1997, Hélène Majera se consacre entièrement à sa carrière d’artiste plasticienne se concentrant essentiellement sur la monochromie et la confrontation entre le flux d’image d’actualité sur internet à l’intemporalité de la pratique picturale. Son travail, le plus souvent en grand format, se restreint volontairement à une palette réduite.
Cette œuvre est représentative de son travail d’affichiste et de l’indépendance esthétique dont elle toujours fait preuve dans sa carrière. Réalisée en 1983 pour New Melsa, la composition se détache de la simple illustration de produits commercialisés par l’enseigne pour proposer une image de marque née de l’univers créatif de l’artiste. Les campagnes d’affichage du magasin étaient renouvelées quatre fois par ans au rythme des saisons. A chaque nouvelle commande, l’illustratrice se livrait à un nouvel exercice de style.
Comme dans toutes les illustrations d’Hélène Majera on retrouve ici un trait nerveux, des attitudes à la fois sophistiquées et convulsives typiques de la décennie. Dans le cas, présent la palette, le traitement de la couleur, l’élongation et la forme serpentine des silhouettes, rendent clairement hommage au second maniérisme italien d’un Pontormo. La cohabitation entre le maquillage théâtral et les coiffures très représentatifs des années 1980 et les références à l’esthétique complexe et codifiée de la peinture de la seconde moitié du XVIe siècle en font une image à l’impact visuel particulièrement fort ou le naturel n’a aucun droit de cité.
Ce dessin bien que réalisé à des fins publicitaires est extrêmement proche de l’ « Hypermaniérisme » théorisé à la même époque, en Italie, dans le mouvement de la « Pittura Colta ».
- Auteur(s): Hélène Majera
- Dates: 1983
- Mode d'acquisition : Achat
- Matériaux et techniques : Crayon de couleur sur papier 80x60cm
- GAL2018.27.01