Depuis 1947 et pendant dix ans, Christian Dior dicte à la mode son vocabulaire. Après sa disparition brutale en 1957, Yves Saint Laurent lui succède à la tête de sa maison de couture. Au printemps-été 1958, la première collection du jeune couturier et sa ligne « Trapèze » rencontrent, grâce à leurs silhouettes dynamiques et loin du corps, un succès international comparable à celui du new-look en 1947. La robe « Zéphyrine » fait partie de la deuxième collection de Saint Laurent. Sa construction élaborée, son taffetas rose drapé, ses matières et son ourlet sous le genou l’identifient comme une robe de cocktail, classe de vêtements du soir courts et ornés apparue pendant l’entre-deux-guerres avant de prendre son essor dans les années 1950.
Pendant dix ans, Christian Dior baptise ses modèles avant chaque défilé. Yves Saint Laurent perpétue cette tradition, ici avec « Zéphyrine » qui évoque probablement la légèreté de Zéphyr, dieu du vent d’ouest dans la mythologie grecque. Entrée en 1986 au sein des collections du musée, sans griffe, cette pièce a été vendue par la maison Dior dans les années 1960. Des recherches ont permis de l’identifier comme le prototype original du défilé. Le 12 novembre 1958, « Zéphyrine » est en effet présentée à la princesse Margaret, sœur de la reine Élisabeth II, à l’occasion d’un défilé organisé par la maison Dior, à Blenheim Palace, au profit de la Croix-Rouge britannique. Elle est alors portée par Victoire Doutreleau, mannequin vedette de Christian Dior puis d’Yves Saint Laurent, connue pour sa taille étroite et sa démarche libre, enjouée et dynamique, à l’image de cette robe primesautière.
- Auteur(s): Christian Dior par Yves Saint Laurent
- Dates: Automne-hiver 1958-1959
- Mode d'acquisition : Don de Claude Roederer
- Matériaux et techniques : Faille en Rhodia de Lajoinie, tulle point d’esprit en Nylon de Dognin. Sans griffe.
- 1986.168.2