Robe du soir courte

Passage n°117

Le dos est l’une des parties les plus vulnérables du corps. Esthétiquement, la femme ne contrôle pas l’apparence de son dos et est soumise de ce fait à l’unique jugement du regardeur. C’est la femme «objet» par excellence, sans défense, regardée et plus que tout désirée. Pourtant, son pouvoir incommensurable réside dans l’audace qu’elle prend, depuis les années1920, à livrer sa peau à l’œil étranger, désireux d’en savoir plus. Yves Saint Laurent (1936-2008), plus conscient que quiconque du pouvoir érotique de ce jeu de caché-montré, livre à l’automne-hiver 1970-1971 la robe la plus emblématique de son talent. Ce modèle a été porté par Betty Catroux, muse du couturier. Alors que le devant de la robe, austère, noir à manches longues, est boutonné très haut, le dos est, dans un retournement de situation, impudiquement voilé d’une dentelle de soie Chantilly de la nuque à la naissance des reins. Cette robe mi-pieuse, mi-scandaleuse, est immortalisée par le photographe Jean-Loup Sieff dans le Vogue de septembre 1970 sur le corps du mannequin Marina Schiano.

  • Auteur(s): Yves Saint Laurent
  • Dates: Automne - Hiver 1970 - 1971
  • Mode d'acquisition : Don manuel
  • Matériaux et techniques : Crêpe de laine de Gandini, dentelle de soie Chantilly mécanique de Brivet
  • 1977.9.6