Dans les années 1880, la mode féminine ne s’inspire pas encore du travail de coupe des tailleurs pour hommes. Aux surfaces lisses et sombres du costume masculin s’opposent les artifices exaltés des vêtements féminins. Les couturières recourent plus que jamais à un répertoire d’ornementations complexes, dont la description suppose un langage riche et imagé.
Les journaux détaillent avec une incroyable précision et des mots nouveaux le travail des étoffes aux multiples circonvolutions dont cette robe témoigne. Au fil des pages, les figures adoptées sont décrites dans un langage fleuri : basque ramassée en draperies sur les hanches, jupe plissée en éventail, relevée, retroussée ou coquillée, pouf descendant en gros bouillons jusqu’au bas de la traîne, sous-jupe garnie d’une ruche froncée et déchiquetée ou renversée, doublée ou encore effeuillée… Si le terme « bouffant », employé comme adjectif ou substantif, caractérise la période, le tissu semble avoir une vie propre : il retombe, contourne ou s’échappe. Le passage accéléré des modes semble tout aussi incontrôlable et se traduit par des annonces éloquentes. Les jupons-tournures sont ainsi en pleine déchéance ; les lignes droites l’emportent sur les retroussis de tous genres ; la pèlerine n’existe plus, elle a vécu. La forme écrite de ces métamorphoses, d’une expressivité sans précédent, traduit une époque au goût prononcé pour l’exubérance.
- Dates: Vers 1883
- Mode d'acquisition : Don de Françoise Clérisse,
- Matériaux et techniques : Satin de soie
- 1975.34.1