À la fin du second Empire, alors que la crinoline perd de son ampleur, le volume des jupes relevé à l’arrière en drapés bouffants dessine les contours d’une nouvelle silhouette. Pour soutenir ces inflexions inédites et leurs variations, la tournure fait son apparition. Tout d’abord composée d’un simple jupon à volants gradués, placés à l’arrière sous la taille, elle prend ensuite différentes formes, des petits coussins faits de crin ou de varech à des systèmes ingénieux de plus en plus saillants. Dans les années 1880, la tendance atteint son apogée avec un nouvel artifice appelé « queue d’écrevisse ». Ce long appendice articulé, qui évoque la carapace du crustacé, est constitué de tissu armé de baleines plus ou moins espacées. Il est aussi pourvu d’un dispositif – laçage ou patte de serrage – pour en régler le bombé. Sa structure graduée supporte les draperies impérieusement retroussées, qui exaltent la cambrure des reins, et accompagne le mouvement des jupes dans leur déploiement d’étoffe lourd et compliqué. Le rouge est alors à la mode pour les jupons et les tournures, généralement en toile écrue ou blanche, peuvent aussi prendre cette teinte. Vers 1888, on revient à plus de modération : la cambrure paraît soudain comme un non-sens, aussi ridicule que de mauvais goût, le comble de l’élégance revenant aux lignes droites, sans aucun soutien.
- Dates: Vers 1885
- Mode d'acquisition : Don de Denise Bouteron
- Matériaux et techniques : Toile de crin et dentelle de laine, lacet de coton, baleines et boucles en métal
- 1957.29.1