La fonction distinctive du vêtement prend toute son importance au XIXe siècle. Face à la « grande renonciation masculine », la garde-robe féminine affiche des impératifs esthétiques plus que jamais signes de réussite sociale. Cette tendance atteint son paroxysme dans les années 1870-1880 avec le style « tapissier ». Nommé ainsi parce qu’il évoque la grammaire des arts décoratifs et l’atmosphère étouffante des intérieurs décrits par les frères Goncourt, il se caractérise par des toilettes compliquées que la profusion de drapés et l’abus de garnitures rendent parfaitement incommodes. Sur les visites, sorte de mantelets relevés à l’arrière et emblématiques de cette nouvelle mode, les décors de passementerie empruntent marabout, gland, frange, jasmin à migrets, à bouffettes ou à boules, et radis satiné aux tapissiers et aux décorateurs. Ils soulignent les bordures, le col et les manches alors que, dans le dos, leur disposition conduit le regard vers le volume plus ou moins marqué de la tournure. Le 10 mars 1884, pour la mode de printemps, La Gazette des femmes confirme l’importance accordée à ce type d’ornements : « Les garnitures simples ne sont plus de notre époque. Pour les confections, comme pour les toilettes de visites, de réceptions, on prépare des motifs de passementerie et de jais d’une richesse inouïe […] ces appliques se posent […] en tabliers, en panneaux, en écharpes, en semis, et doivent produire beaucoup d’effet. »
- Dates: Vers 1880-1885
- Mode d'acquisition : Don de Mme Georges Bonnefous
- Matériaux et techniques : Laine, soie, franges et brandebourgs en passementerie, doublure en satin
- 1965-17-2