La fin du XVIIIe siècle se singularise par un souci inédit de l’individu, de l’intime et du naturel. L’évolution des formes vestimentaires y est fortement genrée : le vestiaire féminin y vit une mutation spectaculaire alors que son homologue masculin ne subit aucun bouleversement structurel. Ainsi, entre 1780 et 1790, apparaît une robe dérivée de la chemise de lingerie, d’une forme inédite car enfilée par la tête et non par les bras, et d’un seul tenant. Affichée par la reine Marie-Antoinette dans le célèbre portrait par Élisabeth Louise Vigée Le Brun qui fit scandale au Salon de 1783, elle est caractéristique d’un phénomène régulier dans l’histoire vestimentaire, qui voit des habits de dessous devenir effets de dessus. Endossée parfois sur un corset léger, cette robe livre la vision d’un corps dégagé des contraintes vestimentaires structurantes. Dès le début du siècle, dans ses Lettres sur les habitants de Paris, Marivaux conseille aux femmes une séduction sans artifice : « L’habit magnifique donne de l’éclat à la femme […]. Mais cette façon de se montrer est plus superbe que délicate : user d’ornements pour plaire, c’est s’appuyer de seconds, c’est combattre avec ruse, et comme cela, la victoire n’est pas nette. Ai-je plu comme femme ornée, ou comme la femme aimable ? »
- Dates: Vers 1790-1792
- Mode d'acquisition : Acquisition de la Ville de Paris
- Matériaux et techniques : Toile de coton fine (mousseline) ; doublure en toile de coton blanc ; broderies au point de chaînette, fils de coton bleus, filés d’argent doré
- 1994.233.1