« Avant l’année 1675 […] les tailleurs faisaient généralement tous habits d’hommes & de femmes ; mais dans cette année Louis XIV jugea à propos de donner à des femmes le droit d’habiller leur sexe. » La robe dite à la française, caractérisée par les doubles plis plats qui animent son dos, est emblématique de l’élégance féminine du siècle des Lumières. Elle se rattache à une catégorie de vêtements féminins devenus à la mode à la fin du XVIIe siècle, tels des déshabillés ou des négligés d’intérieur évadés de la sphère intime, ce qui lui vaut le nom de robe de chambre ou de manteau dans les sources du milieu du XVIIIe siècle, même si sa silhouette épouse plus étroitement le buste féminin que ses ancêtres.
Le plissage du dos et son drapé témoignent du travail des couturières et le singularisent face à celui des tailleurs spécialisés dans la coupe du tissu et l’assemblage cousu des parties de vêtements suivant un patronage. Néanmoins, les deux métiers sont peu rémunérés, la façon coûtant bien moins cher que l’étoffe et les agréments. Ainsi, une couturière perçoit une dizaine de livres pour une robe ordinaire, un tailleur plusieurs dizaines pour une tenue de cour et un marchand plusieurs centaines (voire milliers) de livres pour le tissu suivant sa préciosité. C’est d’ailleurs principalement la nouveauté et le raffinement de ce dernier qui désignent une femme au fait du goût du moment. Et nombreux sont les témoignages d’événements remarquables du siècle des Lumières qui ne décrivent les tenues vestimentaires que par la richesse de leurs étoffes.
- Dates: vers 1755-1760
- Mode d'acquisition : Don de Mme Thielley
- Matériaux et techniques : Cannetillé lancé et broché, soie et fils de soie polychromes ; passementerie en fils de soie polychrome
- 1975.18.1