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Le Palais Galliera est réalisé par Paul-René-Léon Ginain à la demande de Marie Brignole-Sale, duchesse de Galliera, pour abriter sa riche collection d’art. Le souhait de présenter au plus grand nombre peintures, sculptures et objets d’arts guide la commande de cette fine lettrée. Débuté en mai 1879 le palais est achevé en février 1894.
Implanté au cœur d’un jardin et librement inspiré du palladianisme, le palais Galliera présente une esthétique très populaire au XIXe siècle, connue sous l’appellation de « style Beaux- Arts », fréquemment employée pour la création d’établissements publics. D’un ensemble composite aux multiples références, l’inspiration Renaissance prédomine tant dans le traitement des baies vitrées monumentales – évoquant les baies serliennes chères à Palladio - que dans celui des façades. Le palais Galliera en possède deux : l’une sur rue et l’autre sur jardin.
La façade sur l’avenue Pierre Ier de Serbie, unique entrée du palais, s’ouvre sur une cour d’honneur pavée et bordée d’un péristyle en hémicycle d’ordre ionique. La façade sur jardin est, quant à elle, rythmée par trois baies en plein cintre alternant avec des colonnes adossées et baguées. Chaque baie s'orne d'une sculpture représentant les trois arts majeurs : la Peinture d'Henri Chapu, l’Architecture de Jules Thomas et la Sculpture de Pierre Cavelier. Le péristyle se prolonge de deux ailes, comme deux portiques déployés de part et d’autre du bâtiment. Ils surplombent deux escaliers descendant aux terrasses qui précèdent le square. Chaque portique présente la même composition : deux sculptures, l’une dans sa niche centrale et l’autre à son extrémité. Sous le portique Ouest, Protection et Avenir (1893) d’Honoré Icard, au centre, répond Au soir de la vie (1906) de Gustave Michel. À l’Est, l’Effort (1890) d’Alfred Boucher, au centre, tourne le dos au Jeune berger (1894) d’Alexandre Pezieux.
En contrebas des portiques deux sculptures en bronze occupent les terrasses : à l’Est, Faune jouant avec une panthère (1897) de Justin Becquet et à l’Ouest Enfance de Bacchus (1857) de Jean-Joseph Perraud.
Le Palais Galliera est un parfait exemple du bâti de la fin du XIXe siècle alliant traditions architecturales et innovations techniques : sous les pierres de tailles, une structure métallique soutient l’édifice. Elle a été réalisée par l’entreprise de Gustave Eiffel qui figure dans les permis de construire sous la mention : « Serrurerie et ferronnerie, Mr Eiffel entrepreneur ». Les rampes d’escalier, les baies vitrées et les grilles du square Brignole-Galliera sont issues des mêmes ateliers que la Tour Eiffel…
Pensé comme un musée dès sa création, le bâtiment reprend les conceptions de la muséologie de la seconde moitié du XIXe siècle établies par Félix Duban au Louvre : le cœur du bâtiment est occupé par le salon d’honneur, grande salle rectangulaire à éclairage zénithal, il est bordé, sur ses trois côtés, de galeries ouvertes sur le square Galliera par des baies en plein cintre. La façade sur jardin correspond à la grande galerie tandis que de part et d’autre sont disposées deux petites galeries. Enfin, une cinquième salle, le petit salon, vient clore les espaces dédiés à l’exposition.
Un rouge éteint pour les murs, un noir ciré pour les boiseries, des décorations sculptées au niveau des corniches, le décor intérieur conçu par l’architecte est, comme l’agencement des salles, le témoin des théories muséographiques du temps décrites par Prosper Mérimée. La couleur des murs est d’une valeur sombre pour donner plus de luminosité et d’éclat aux œuvres exposées. Paul-René-Léon Ginain fait appel à Giandomenico Facchina pour la réalisation des sols en mosaïques et des plafonds peints du palais. Dans le hall d’entrée, une niche en forme de coquille a été sculptée au-dessus de la porte monumentale en acajou massif conduisant au salon d’honneur pour recevoir le buste de la généreuse donatrice.
Paul-René-Léon Ginain incarne, tant par sa carrière que par son œuvre, l’architecture officielle du XIXe siècle. Né en 1825, il est l’élève de Lebas à l’Ecole des Beaux-Arts. Premier prix de Rome en 1852, il séjourne quatre ans à la Villa Médicis où il développe une connaissance érudite de l’architecture de l’Antiquité et de la Renaissance. De retour à Paris, en 1861, il est le rival malheureux de Charles Garnier qui remporte le concours d’architecture du nouvel opéra de Paris. Le baron Haussmann le nomme architecte du VIe arrondissement, poste qu’il occupera trente ans : ses principales réalisations sont l’église Notre-Dame-des-Champs, l’hôpital Tarnier ainsi que l’extension de l’Ecole Royale de Chirurgie, actuelle Faculté de Médecine.
Plaque à l'effigie de Paul-René-Léon Ginain à l'entrée du musée - Photo : © Caroline Chenu / Galliera