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Depuis son inauguration en 1895, le Palais Galliera a connu plusieurs affectations avant d’être définitivement consacré à la mode, en 1977, par la Mairie de Paris.
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Le 15 avril 1878, la duchesse de Galliera manifeste son intention de laisser à l’Etat français sa collection d’œuvres d’art à la condition que cette dernière soit exposée au public dans un musée spécialement construit à cet effet. Musée qu’elle se propose de financer sur un vaste terrain lui appartenant. Ses exigences sont claires : l’ensemble se composera d’un musée entouré d’un square et, de chaque côté, sera percée une voie créant ainsi deux rues baptisées Brignole et de Galliera. Le musée, prendra, quant à lui le nom de Brignole-Galliera.
Le 11 juillet 1878, le conseil municipal accepte avec reconnaissance la donation, et le 31 octobre la duchesse ratifie devant son notaire sa proposition par une donation en règle. Cependant il demeure stipulé que la duchesse jouira sa vie durant de l’édifice à l’usage de Musée et des bâtiments de service qu’elle s’engage à faire élever. L’Etat ne pouvant disposer de l’ensemble qu’à son décès.
Malheureusement, la réalisation de ce beau projet occasionne bien des déceptions pour la duchesse. Tandis que le palais sort de terre, sa construction manque d’être interrompue pour une question d’alignement des bâtiments.
Ce premier problème surmonté révèle une erreur majeure commise par le notaire de la duchesse : l’homme s’est trompé dans la notification du destinataire du don mentionnant la Ville de Paris, quand la duchesse souhaitait l’Etat français. Ses multiples tentatives pour rétablir l’attribution de sa donation restent vaines et le climat politique de la période ne lui convenant pas, la duchesse prend la décision radicale, le 7 octobre 1884, de léguer l’ensemble de sa collection d’art au Palazzo Rosso à Gênes. Elle ne sera donc jamais présentée dans le palais. La duchesse maintient les fonds nécessaires à l’achèvement du bâtiment qu’elle cèdera immédiatement à la Ville de Paris, libre d’en faire l’usage souhaité. Le décès de la duchesse de Galliera, le 9 décembre 1888, marque l’arrêt des travaux déjà très avancés qui sont repris par l’architecte Paul-René-Léon Ginain jusqu’à l’achèvement de l’édifice le 27 février 1894.
La réaction des contemporains ne se fait pas attendre. Si certains journalistes louent l’action philanthropique de la duchesse et approuvent le square, ils critiquent ce musée, jugé bien souvent trop petit et peu commode pour accueillir des collections nombreuses ou de grande taille. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’usage de cet élégant Palais dépourvu des collections qui lui étaient destinées, restant vide comme un écrin sans bijoux.
« Voici qu’avec les expositions de Galliera l’art industriel reprend sa place dans le domaine du beau.»
- Maurice Quentin-Bauchart.
Le 19 décembre 1895, le sort du musée est fixé : il est inauguré en tant que musée d’Art Industriel. De nombreuses expositions d’arts décoratifs y sont organisées permettant au lieu de trouver son public désireux de découvrir cette nouvelle forme d’art.
Au début du XXe siècle, l’art appliqué à l’industrie est considéré comme mineur face aux arts majeurs – architecture, sculpture, peinture –. Pour lutter contre ce préjugé, Maurice Quentin-Bauchart demande à la Ville de Paris de créer une programmation d’expositions d’art industriel au Palais Galliera. Dès lors, deux manifestations y sont organisées annuellement : une exposition générale, à l’automne, présentant toutes les branches de l’art appliqué et une exposition spéciale, au printemps, consacrée à l’œuvre d’un artiste ou à un sujet thématique.
En 1954, le Palais Galliera ouvre ses salles aux expositions annuelles du Salon des peintres témoins de leur temps. À cette occasion, il est spécialement aménagé pour offrir une meilleure présentation des œuvres d’art. Les plus grands artistes contemporains du moment se rencontrent dans les salles de Galliera : Utrillo, Rouault, Matisse, Chagall, Buffet, Picasso ou encore Léger, Braque, Kisling, et Gromaire… Chaque année un thème est imposé, en rapport avec l’Homme et son environnement, comme L’Homme dans la ville en 1954, Le pain et le vin en 1965 ou encore La vie des choses en 1973. Seuls les artistes figuratifs sont invités à en livrer leurs visions.
Outre le Salon, les salles de Galliera sont le théâtre de ventes aux enchères à partir de 1960. La Compagnie des commissaires-priseurs de Paris, par contrat conclu avec la Ville de Paris, utilise le palais pour une durée de 16 ans. Seuls des meubles d’époque, des objets de curiosité et des tableaux de maîtres y sont vendus. Ces ventes prestigieuses y durent 15 jours à chaque saison renouvelée.
Enfants jouant dans le Square Galliera, vers 1950-1960 - Photo : © Dorka Raynor / Musée Carnavalet / Roger-Viollet