L'histoire du bâtiment

L'histoire du bâtiment

Depuis son inauguration en 1895, le Palais Galliera a connu plusieurs affectations avant d’être définitivement consacré à la mode, en 1977, par la Mairie de Paris.

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Un musée du XIXe siècle

Le Palais Galliera est un parfait exemple du bâti de la fin du XIXe siècle alliant traditions architecturales et innovations techniques : sous les pierres de tailles, une structure métallique soutient l’édifice. Elle a été réalisée par l’entreprise de Gustave Eiffel qui figure dans les permis de construire sous la mention : « Serrurerie et ferronnerie, Mr Eiffel entrepreneur ». Les rampes d’escalier, les baies vitrées et les grilles du square Brignole-Galliera sont issues des mêmes ateliers que la Tour Eiffel…

Pensé comme un musée dès sa création, le bâtiment reprend les conceptions de la muséologie de la seconde moitié du XIXe siècle établies par Félix Duban au Louvre : le cœur du bâtiment est occupé par le salon d’honneur, grande salle rectangulaire à éclairage zénithal, il est bordé, sur ses trois côtés, de galeries ouvertes sur le square Galliera par des baies en plein cintre. La façade sur jardin correspond à la grande galerie tandis que de part et d’autre sont disposées deux petites galeries. Enfin, une cinquième salle, le petit salon, vient clore les espaces dédiés à l’exposition.

Un rouge éteint pour les murs, un noir ciré pour les boiseries, des décorations sculptées au niveau des corniches, le décor intérieur conçu par l’architecte est, comme l’agencement des salles, le témoin des théories muséographiques du temps décrites par Prosper Mérimée. La couleur des murs est d’une valeur sombre pour donner plus de luminosité et d’éclat aux œuvres exposées. Paul-René-Léon Ginain fait appel à Giandomenico Facchina pour la réalisation des sols en mosaïques et des plafonds peints du palais. Dans le hall d’entrée, une niche en forme de coquille a été sculptée au-dessus de la porte monumentale en acajou massif conduisant au salon d’honneur pour recevoir le buste de la généreuse donatrice.

 

L'architecture

De la commande d’une philanthrope

Le Palais Galliera est réalisé par Paul-René-Léon Ginain à la demande de Marie Brignole-Sale, duchesse de Galliera, pour abriter sa riche collection d’art. Le souhait de présenter au plus grand nombre peintures, sculptures et objets d’arts guide la commande de cette fine lettrée. Débuté en mai 1879 le palais est achevé en février 1894.

Au palais néo-renaissance

Implanté au cœur d’un jardin et librement inspiré du palladianisme, le palais Galliera présente une esthétique très populaire au XIXe siècle, connue sous l’appellation de « style Beaux- Arts », fréquemment employée pour la création d’établissements publics. D’un ensemble composite aux multiples références, l’inspiration Renaissance prédomine tant dans le traitement des baies vitrées monumentales – évoquant les baies serliennes chères à Palladio - que dans celui des façades. Le palais Galliera en possède deux : l’une sur rue et l’autre sur jardin.

La façade sur l’avenue Pierre Ier de Serbie, unique entrée du palais, s’ouvre sur une cour d’honneur pavée et bordée d’un péristyle en hémicycle d’ordre ionique. La façade sur jardin est, quant à elle, rythmée par trois baies en plein cintre alternant avec des colonnes adossées et baguées. Chaque baie s'orne d'une sculpture représentant les trois arts majeurs : la Peinture d'Henri Chapu, l’Architecture de Jules Thomas et la Sculpture de Pierre Cavelier. Le péristyle se prolonge de deux ailes, comme deux portiques déployés de part et d’autre du bâtiment. Ils surplombent deux escaliers descendant aux terrasses qui précèdent le square. Chaque portique présente la même composition : deux sculptures, l’une dans sa niche centrale et l’autre à son extrémité. Sous le portique Ouest, Protection et Avenir (1893) d’Honoré Icard, au centre, répond Au soir de la vie (1906) de Gustave Michel. À l’Est, l’Effort (1890) d’Alfred Boucher, au centre, tourne le dos au Jeune berger (1894) d’Alexandre Pezieux.

En contrebas des portiques deux sculptures en bronze occupent les terrasses : à l’Est, Faune jouant avec une panthère (1897) de Justin Becquet et à l’Ouest Enfance de Bacchus (1857) de Jean-Joseph Perraud.

L’architecte Paul-René-Léon Ginain

Paul-René-Léon Ginain incarne, tant par sa carrière que par son œuvre, l’architecture officielle du XIXe siècle. Né en 1825, il est l’élève de Lebas à l’Ecole des Beaux-Arts. Premier prix de Rome en 1852, il séjourne quatre ans à la Villa Médicis où il développe une connaissance érudite de l’architecture de l’Antiquité et de la Renaissance. De retour à Paris, en 1861, il est le rival malheureux de Charles Garnier qui remporte le concours d’architecture du nouvel opéra de Paris. Le baron Haussmann le nomme architecte du VIe arrondissement, poste qu’il occupera trente ans : ses principales réalisations sont l’église Notre-Dame-des-Champs, l’hôpital Tarnier ainsi que l’extension de l’Ecole Royale de Chirurgie, actuelle Faculté de Médecine.

  • La duchesse de Galliera

  • Plan du Palais au début du XXe siècle

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D'une volonté originelle

Le 15 avril 1878, la duchesse de Galliera manifeste son intention de laisser à l’Etat français sa collection d’œuvres d’art à la condition que cette dernière soit exposée au public dans un musée spécialement construit à cet effet. Musée qu’elle se propose de financer sur un vaste terrain lui appartenant. Ses exigences sont claires : l’ensemble se composera d’un musée entouré d’un square et, de chaque côté, sera percée une voie créant ainsi deux rues baptisées Brignole et de Galliera. Le musée, prendra, quant à lui le nom de Brignole-Galliera.

Le 11 juillet 1878, le conseil municipal accepte avec reconnaissance la donation, et le 31 octobre la duchesse ratifie devant son notaire sa proposition par une donation en règle. Cependant il demeure stipulé que la duchesse jouira sa vie durant de l’édifice à l’usage de Musée et des bâtiments de service qu’elle s’engage à faire élever. L’Etat ne pouvant disposer de l’ensemble qu’à son décès. 

Malheureusement, la réalisation de ce beau projet occasionne bien des déceptions pour la duchesse. Tandis que le palais sort de terre, sa construction manque d’être interrompue pour une question d’alignement des bâtiments.

Ce premier problème surmonté révèle une erreur majeure commise par le notaire de la duchesse : l’homme s’est trompé dans la notification du destinataire du don mentionnant la Ville de Paris, quand la duchesse souhaitait l’Etat français. Ses multiples tentatives pour rétablir l’attribution de sa donation restent vaines et le climat politique de la période ne lui convenant pas, la duchesse prend la décision radicale, le 7 octobre 1884, de léguer l’ensemble de sa collection d’art au Palazzo Rosso à Gênes. Elle ne sera donc jamais présentée dans le palais. La duchesse maintient les fonds nécessaires à l’achèvement du bâtiment qu’elle cèdera immédiatement à la Ville de Paris, libre d’en faire l’usage souhaité. Le décès de la duchesse de Galliera, le 9 décembre 1888, marque l’arrêt des travaux déjà très avancés qui sont repris par l’architecte Paul-René-Léon Ginain jusqu’à l’achèvement de l’édifice le 27 février 1894.

La réaction des contemporains ne se fait pas attendre. Si certains journalistes louent l’action philanthropique de la duchesse et approuvent le square, ils critiquent ce musée, jugé bien souvent trop petit et peu commode pour accueillir des collections nombreuses ou de grande taille. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’usage de cet élégant Palais dépourvu des collections qui lui étaient destinées, restant vide comme un écrin sans bijoux.

Au musée d'art industriel

Le 19 décembre 1895, le sort du musée est fixé : il est inauguré en tant que musée d’Art Industriel. De nombreuses expositions d’arts décoratifs y sont organisées permettant au lieu de trouver son public désireux de découvrir cette nouvelle forme d’art.

Au début du XXe siècle, l’art appliqué à l’industrie est considéré comme mineur face aux arts majeurs – architecture, sculpture, peinture –. Pour lutter contre ce préjugé, Maurice Quentin-Bauchart demande à la Ville de Paris de créer une programmation d’expositions d’art industriel au Palais Galliera. Dès lors, deux manifestations y sont organisées annuellement : une exposition générale, à l’automne,  présentant  toutes les branches de l’art appliqué et une exposition spéciale, au printemps, consacrée à l’œuvre d’un artiste ou à un sujet thématique.

 

Marie Brignole-Sale, Duchesse de Galliera

Découvrir son portrait

Voici qu’avec les expositions de Galliera l’art industriel reprend sa place dans le domaine du beau.

Le tournant de l’année 1954 et le Salon des peintres témoins de leurs temps

En 1954, le Palais Galliera ouvre ses salles aux expositions annuelles du Salon des peintres témoins de leur temps. À cette occasion, il est spécialement aménagé pour offrir une meilleure présentation des œuvres d’art. Les plus grands artistes contemporains du moment se rencontrent dans les salles de Galliera : Utrillo, Rouault, Matisse, Chagall, Buffet, Picasso ou encore Léger, Braque, Kisling, et Gromaire… Chaque année un thème est imposé, en rapport avec l’Homme et son environnement, comme L’Homme dans la ville en 1954, Le pain et le vin en 1965 ou encore La vie des choses en 1973. Seuls les artistes figuratifs sont invités à en livrer leurs visions.  

Galliera, un lieu de ventes aux enchères

Outre le Salon, les salles de Galliera sont le théâtre de ventes aux enchères à partir de 1960. La Compagnie des commissaires-priseurs de Paris, par contrat conclu avec la Ville de Paris, utilise le palais pour une durée de 16 ans. Seuls des meubles d’époque, des objets de curiosité et des tableaux de maîtres y sont vendus. Ces ventes prestigieuses y durent 15 jours à chaque saison renouvelée.