Marie Brignole-Sale, duchesse de Galliera

Louée pour son action philanthropique, considérée comme une femme au grand cœur, à l’âme charitable et généreuse, la duchesse de Galliera mena une vie extraordinaire marquée par le goût des belles choses et l’altruisme.

Les époux Galliera, première fortune de France

En 1837, le couple se porte acquéreur du domaine de Galliera situé sur le Reno en Emilie. Erigé en duché le 14 mai 1813 par Napoléon Ier pour sa petite fille par adoption, Mademoiselle de Beauharnais, le titre à réintégré les Etats de l’Eglise après 1815. Le pape Grégoire XVI le confère aux époux Ferrari en 1838. Dès lors Marie Brignole-Sale, marquise de Ferrari, choisira, par goût, de se faire appeler exclusivement duchesse de Galliera.

Les commentateurs de l’époque disent des époux Galliera qu’ils sont les plus riches de l’empire, pouvant s’offrir tous les palais et hôtels qu’ils souhaitent. En 1852, le duc et à la duchesse de Galliera achètent l’hôtel Matignon au duc de Montpensier contraint à la vente. La famille d’Orléans est au bord de la banqueroute suite à la révolution de 1848.

Dans son hôtel de la rue de Varenne, la duchesse est entourée, dit-on, de 200 domestiques. Elle en fait un haut lieu de la vie parisienne qu’elle soit politique, intellectuelle ou mondaine où se croisent les frères Pereire, le duc de Morny, le duc de Broglie, Prosper Mérimée…

Toujours fidèles à leurs racines italiennes, ils achètent en 1861, le domaine de Lucedio et sont faits, dans la même année, prince et princesse de Lucedio par Victor-Emmanuel II de Savoie.

Ce parcours marqué par des acquisitions en Italie et en France et par un enrichissement constant s’arrête brusquement à la mort de Raphaël. Le 22 novembre 1876, le duc décède à Gênes. Philippe, le fils unique, refuse l’héritage de la fortune et du titre ducal de son père. La duchesse de Galliera obtient alors que le titre soit repris par Antoine d’Orléans, son fils de cœur. 

« Je suis de mon pays. En Italie, on aime beaucoup les palais, il y en a partout et j’en possède quelques uns. N’est-il pas juste qu’en France, les pauvres aient les leurs ? » - Magasin pittoresque, 1889, p.32.

La philanthrope

Agée de 65 ans, veuve et rejetée par son fils, la duchesse se retrouve à la tête d’une immense fortune de 225 millions de francs-or qu’elle s’emploie dès lors à dépenser en œuvres de bienfaisance.  Elle fonde à Clamart l’hospice Ferrari pour personnes âgées et un orphelinat à Meudon. L’hospice Ferrari, édifié selon les plans de l’architecte Paul-René-Léon Ginain, attise les critiques par son aspect luxueux, à quoi elle répond :

Par un don d’un million de francs-or, elle contribue également à la création de l’Ecole libre des Sciences politiques d’Emile Boutmy, futur Institut d’Etudes Politiques de Paris.

Ancrée dans une mouvance du siècle, où l’on voit fleurir musées et galeries à travers toute l’Europe, la duchesse veut, elle aussi, fonder son propre musée. Pour sa collection parisienne, elle décide de faire construire un palais qui servira de musée sur un terrain dont son mari s’était rendu propriétaire.  Ses intentions sont réfléchies et actées puisqu’elle signe le plan du musée le 10 avril 1878, soit 5 jours avant la date où elle transmet officiellement sa proposition à la préfecture de la Seine. Le 11 juillet 1878, le conseil municipal accepte avec reconnaissance la donation.

Débutée par ses aïeux dès 1623 – date à laquelle Van Dyck fit un portrait de la famille – et constamment enrichie, la collection d’art de la duchesse de Galliera est très prestigieuse et variée. Des peintures flamandes, espagnoles et italiennes, du mobilier du XVIIIe français, des horloges et des productions issues des manufactures de Sèvre et des Gobelins… Les plus grands noms se retrouvent dans cette collection.

L’histoire de la Duchesse de Galliera croise l’Histoire de France et voit le destin de son musée parisien mis en péril. Outrée par la discussion entamée sur l’expulsion des princes de 1883 et par l’adoption de la loi constitutionnelle du 14 août 1884 qui rend le comte de Paris inéligible à la présidence de la République, la duchesse, alors bienfaitrice de Paris, décide de représailles à sa façon. Par son testament olographe du 7 octobre 1884, elle retire le legs de ses riches collections à la France au profit du Palazzo Rosso à Gênes. Elle choisit donc de déposséder Paris, sa ville de cœur, tout en maintenant la construction du palais Galliera. Dès son achèvement le palais sera mis à la disposition de la Ville de Paris.

À l’âge de 77 ans, Marie Brignole-Sale duchesse de Galliera s’éteint le 9 décembre 1888 à Paris.

  • Plan du Musée Brignole-Galliera, actuel Palais Galliera, début XXe siècle.
    © Archives de Paris
  • Détail de l'architecture du musée avec le buste Marie Brignole Sale.
    © Pierre Antoine / Palais Galliera / Paris Musées
  • Détail de l'architecture du musée illustrant les initiales de Marie Brignole Sale.
    © Pierre Antoine / Palais Galliera / Paris Musées
Précédent
Suivant