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Yves Saint Laurent
Le dos est l’une des parties les plus vulnérables du corps. Esthétiquement, la femme ne contrôle pas l’apparence de son dos et est soumise de ce fait à l’unique jugement du regardeur. C’est la femme «objet» par excellence, sans défense, regardée et plus que tout désirée. Pourtant, son pouvoir incommensurable réside dans l’audace qu’elle prend, depuis les années 1920, à livrer sa peau à l’œil étranger, désireux d’en savoir plus. Yves Saint Laurent (1936-2008), plus conscient que quiconque du pouvoir érotique de ce jeu de caché-montré, livre à l’automne-hiver 1970-1971 la robe la plus emblématique de son talent. Ce modèle a été porté par Betty Catroux, muse du couturier. Alors que le devant de la robe, austère, noir à manches longues, est boutonné très haut, le dos est, dans un retournement de situation, impudiquement voilé d’une dentelle de soie Chantilly de la nuque à la naissance des reins. Cette robe mi-pieuse, mi-scandaleuse, est immortalisée par le photographe Jean-Loup Sieff dans le Vogue de septembre 1970 sur le corps du mannequin Marina Schiano.